L’étude annuelle des Autorités de contrôle (ACPR) sur le marché de l’assurance-vie en 2023 est venue confirmer certains faits établis.
Premier point, la contraction des flux d’épargne en assurance-vie. Hors épargne-retraite, l’assurance-vie a enregistré une collecte nette négative de 2,3 milliards d’euros. Malgré une collecte brute importante, à 126,9 Md€, les prestations en hausse de 11 % par rapport à 2022 auront été supérieures, avec 129,2 Md€ versés par les compagnies. Le niveau des rachats en hausse (84,1 Md€) a pesé lourd dans la balance finale (les causes principales étant l’inflation et la hausse des taux d’intérêt pour financer un achat immobilier). Les sinistres (décès) ont, eux, atteint 45 Md€. L’ACPR confirme que la collecte nette a été fortement négative sur les fonds en euros, à-33,4 Md€, quand elle aura été nettement positive à 31,1 Md€ sur les unités de compte (UC), moins qu’en 2022 toutefois (38,2 Md€). Ajoutons que la décollecte sur les fonds en euros tend à se réduire début 2024, n’étant plus que de 0,9 Md€ en février selon France assureurs. Côté arbitrages au sein des contrats, ils auront davantage porté sur les UC, à hauteur de 5,1 Md€, sachant que la tendance s’est inversée au second semestre 2023.
Second constat de l’étude:le rapport cotisations/prestations aura été variable selon les réseaux de distribution. Les bancassureurs sortent gagnants de l’année 2023, avec une collecte nette positive de 8 Md€, quand les autres types d’assureurs ont enregistré un recul de 10,3 Md€. « Cette différence de dynamique entre les bancassureurs et les autres organismes d’assurance prend son origine dans la collecte des primes brutes sur les supports en UC, note l’étude. Ainsi les bancassureurs ont bénéficié d’un versement de primes UC inédit depuis 2011 de 33,8 Md€ (soit 63 % des primes UC perçues en 2023, après 54 % en 2022). » Enfin, les autorités dressent un état des lieux du rendement du fonds en euros. Le taux moyen net de frais de gestion, avant prélèvements sociaux, est estimé à 2,60 % pour 2023, après 1,90 % en 2022. Soit une hausse de 0,7 point. « En raisonnant sur le long terme, en lien avec la durée de détention moyenne de l’assurance-vie, les performances des fonds euros restent supérieures à celle des placements sur livret (1,76 % en moyenne géométrique sur huit ans, contre 1,04 % pour le livret A), commente l’étude. De surcroît, le taux de revalorisation est hétérogène selon les assureurs et est fréquemment modulé en fonction de la part d’UC détenue par l’assuré. » Intéressant:l’ACPR constate aussi une « dispersion significative » du rendement servi parmi les assureurs, un quart d’entre eux servant un taux sous les 2,20 % et un quart au-delà de 2,80 %. A noter : selon France assureurs, la part de la provision pour participation aux bénéfices (PPB) est passée de 4,9 % des encours des fonds en euros fin 2022 à 4,4 % fin 2023. Signe que les assureurs ont bien puisé dans cette réserve pour financer la remontée des rendements servis.