Franklin Templeton, la société de gestion d’origine américaine mais à vocation internationale, fête cette année ses trente années de présence dans l’Hexagone. L’occasion de rencontrer Bérengère Blaszczyk, sa responsable de la distribution France, Benelux et Nordics chez Franklin Templeton.
Investissement Conseils : Pourriez-vous nous rappeler l’histoire de votre maison de gestion ?
Bérengère Blaszczyk : Franklin Templeton est une société de gestion qui s’est construite par acquisitions successives. La première, fondatrice et réalisée en 1992, a vu l’acquisition par Franklin, société de gestion familiale créée en 1947 et spécialisée sur les marchés actions et obligataires américains, de Templeton, créée à la même époque et focalisée sur la gestion actions value internationales, dont les marchés émergents dès les années 1980. Ensuite, différentes opérations de tailles moins importantes ont été réalisées jusqu’en 2020 qui a vu le rachat de Legg Mason, et, plus récemment, l’acquisition de Putnam Investment en janvier. Ainsi, le groupe réunit l’ensemble des compétences nécessaires dans les différentes classes d’actifs – actions cotées, obligataires –, mais aussi les stratégies alternatives – Private Equity, Hedge Funds, immobilier, dette privée… Aujourd’hui, au global, Franklin Templeton regroupe une vingtaine de sociétés de gestion indépendantes et autonomes qui s’appuient sur le groupe pour la distribution et la gestion des risques. Parmi ces sociétés, nous pouvons citer Royce Investment Partners, spécialisée sur les petites valeurs américaines, Martin Currie, expert européen sur les marchés actions internationales, ou encore ClearBridge Investments sur les infrastructures cotées et les actions avec un biais durable. Côté obligataire, le groupe abrite désormais Western Asset et Brandywine Global, en plus des équipes de gestion historiques de Franklin Templeton. Le groupe représente actuellement 1 550 milliards d’euros d’actifs sous gestion (au 31 décembre 2023):un tiers en obligations, un tiers en actions cotées et le dernier tiers dans d’autres stratégies, dont la gestion alternative principalement. Les encours sont relativement équilibrés entre investisseurs institutionnels et distributeurs.
Le groupe fête cette année ses trente années de présence en France…
Tout à fait, nous avions ouvert le bureau français en 1994 avec deux personnes et nous sommes aujourd’hui vingt collaborateurs:la moitié est dédiée au service commercial et marketing, et l’autre moitié est composée de spécialistes produits et fonctions support. Si nous n’avons pas de société de gestion en France, nous pouvons proposer et conseiller l’ensemble des solutions du groupe, aussi bien des fonds actions ou obligataires classiques que des solutions plus sophistiquées.
Quel regard portez-vous sur le marché « retail » français et son évolution ?
En France, la clientèle retail est fortement investie via les solutions d’assurance-vie. On retrouve également une plus forte appétence des clients pour l’ISR, tout comme dans le Benelux et les pays scandinaves. Pour notre part, nous devons nous adapter aux labels et aux exigences réglementaires des autorités de tutelle locales. Hormis cela, les besoins de la clientèle sont quasi-identiques aux autres pays européens.
Sur ce marché, nous avons tout d’abord pu nous développer via les CGP, puis les banques privées se sont davantage rapprochées de nous car attirées par notre dimension internationale. Actuellement, nous observons que la consolidation grandissante du marché des CGP a augmenté leur niveau d’exigences et leur souhait d’accéder à des produits plus sophistiqués, notamment sur le non-coté.
Plus spécifiquement, quelle offre mettez-vous actuellement en avant auprès des cabinets de conseil en gestion de patrimoine ?
Côté produits, nous préconisons actuellement nos fonds obligataires diversifiés, ainsi que des fonds actions classifiés articles 8 ou 9 selon la réglementation SFDR, dont quelques fonds thématiques, comme Franklin Technology Fund (LU0260870158) ou Templeton Global Climate Change Fund (LU0128520375).
S’agissant de notre offre de gestion alternative, nous comptons lancer une offre investie sur la dette privée de société européennes et pouvons également proposer des solutions sur le Private Equity en secondaire. Nous travaillons avec les assureurs pour proposer une offre plus ouverte et/ou pour construire une solution que nous distribuerons en propre.
Mais notre rôle d’asset manager est aussi d’épauler les CGP, et les distributeurs en général, dans l’accompagnement de leurs clients – au-delà de notre offre de produits d’investissement. Dans ce cadre, notre programme de formations Franklin Templeton Academy reste un atout pour aider les conseillers dans leurs conversations clients. En effet, nous estimons que nous avons le devoir de contribuer à répondre au besoin d’éducation financière des investisseurs finaux, via nos partenaires distributeurs, ce indépendamment de la promotion de nos propres produits.
Outre cette offre de formation, nous accompagnons nos partenaires avec davantage d’interlocuteurs francophones, à la fois dans nos équipes de gestion et via notre Franklin Templeton Institute, qui apporte son expertise sur l’actualité des marchés avec une totale indépendance des équipes de gestion.
Nous proposons enfin une offre de technologie digitale permettant à nos partenaires d’optimiser le parcours client et les constructions de portefeuille, selon les projets des clients et leurs probabilités d’atteindre ces objectifs.
Franklin Templeton est également reconnu pour son expertise sur les marchés émergents…
C’est vrai, et si les flux ont récemment été faibles sur le marché français pour cette classe d’actifs, il peut être opportun de reconstituer une poche sur les émergents et nous remarquons que les conversations reprennent à ce sujet – soit pour une approche globale, soit des investissements plus ciblés, par exemple sur les marchés chinois et/ou indien.
Quelles visions avez-vous de la consolidation du marché des CGP ?
A nous de bien suivre ces réseaux, d’être suffisamment proches d’eux pour voir comment évoluent leurs besoins et leurs méthodes de décision. Cette consolidation du marché devrait être bénéfique pour la clientèle française, car elle amène de l’innovation et une sophistication de l’offre pour plus de patrimoines, tout en accélérant la progression des compétences au sein des cabinets.
Quelles sont vos anticipations pour cette année ?
Bien que chacune de nos équipes de gestion ait ses propres convictions, des consensus se dégagent pour 2024, comme une croissance économique mondiale faible, un ralentissement progressif de l’inflation, des marchés actions volatils, où la sélectivité sera de mise, et des bonnes performances obligataires. Dans ce cadre, et en croisant ces perspectives avec notre gamme de produits, nous avons de fortes convictions sur l’obligataire, sur le thème de la diversification. Après l’intérêt sur le souverain et les fonds datés, notamment en Investment Grade, les investisseurs doivent élargir leur spectre d’intervention autour de stratégies diversifiées européennes, internationales ou sur les marchés émergents, ainsi que sur le segment du High Yield. Sur les actions, nous considérons que certaines thématiques offrent de belles perspectives, notamment la technologie, le changement climatique et les infrastructures cotées. Les investisseurs ont également tout intérêt à diversifier leur portefeuille sur le segment des small et mid-caps autour de stratégies internationales, en complément de fonds des maisons françaises le plus souvent investis dans l’Hexagone.
Sur l’alternatif, le contexte nous semble à nouveau porteur sur le segment de la dette privée.