« Le fonds en euros ne peut plus être le moteur de l'assurance-vie »

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Vincent Fournier, responsable du développement du marché de l’épargne au groupe Quintésens, prône pour une plus grande diversification de l’épargne et souligne l’importance des préconisations patrimoniales.

Investissement Conseils: Pourquoi mettre du fonds en euros aujourd’hui dans une allocation d’actifs ?

Vincent Fournier: Le fonds en euros doit désormais être utilisé comme une poche de liquidités du contrat, qu’on utilisera pour aller investir sur d’autres actifs. Il sera alors intelligent d’utiliser des options de gestion, comme celle de l’investissement progressif. Le fonds en euros doit aussi être utilisé comme une réserve pour y faire transiter des plus-values réalisées sur d’autres supports, avant de les réinvestir. C’est encore un réceptacle utile pour désensibiliser son capital quand un projet est sur le point d’aboutir. Mais pour un objectif à plus de deux ou trois ans, soyons clairs, le fonds en euros n’a aucun intérêt avec son 1 % de rendement dont il faudra défalquer les prélèvements sociaux. Sans parler du risque inflationniste, qui rendrait le rendement réel des fonds en euros négatif. Sans parler du scénario d’annulation d’une partie de la dette de l’Etat, qui pourrait aboutir à une hausse brutale des taux d’intérêt et donc à un krach obligataire très défavorable aux fonds en euros. Bref, le fonds en euros ne peut plus être le moteur de l’assurance-vie. Pour une vraie sécurité et plus de performance, il faut diversifier son épargne.

Avec la fin attendue des fonds en euros que doivent faire les compagnies ?

V. F.: L’assureur doit apporter une plus-value aux épargnants, pour les convaincre de toujours investir en assurance-vie. En premier lieu, ses contrats doivent donner accès à tous les actifs, être une voiture tout-terrain en somme. Mais avec le garage, les pièces détachées, etc. C’est le second volet d’une offre aboutie: comprendre des options utiles et techniquement au point. Les mandats de gestion sont, par exemple, l’avenir de l’assurance-vie. Leur coût n’est pas confiscatoire dès lors que les performances sont au rendez-vous, ce qui est aujourd’hui le cas. A ce titre, le fonds en euros pourra venir faire tampon sur une partie du capital pour les épargnants prudents. Troisième plus-value, le rôle de l’assureur est de garantir à l’épargnant la disposition de son argent, notamment sur des supports moins liquides comme les SCPI. Enfin, la clé de différenciation va reposer sur la qualité de services associés au contrat, comme la rapidité à exécuter des demandes d’arbitrage et retraits. Pour résumer, l’assureur doit devenir une sorte de plate-forme d’intermédiation entre les gérants et les épargnants, qui prend certes des frais, mais en échange, va structurer l’offre, apporter de la liquidité aux actifs, le tout dans un cadre défini qui rassure tout le monde.

Comment le conseiller patrimonial doit il intégrer cette nouvelle donne ?

V. F.: Tout d’abord, en faisant preuve de beaucoup de pédagogie. C’est indispensable tant le manque de culture financière est fort dans notre pays. La notion de risque doit être expliquée en profondeur, sans jargon. Aux clients qui disent « je ne veux pas perdre d’argent », il faut répondre que c’est impossible à garantir et que seul le risque de perte peut être limité au maximum. Du reste, le fonds en euros n’est pas sans risque sur la durée. Quand une obligation d’Etat, censée être le placement le moins risqué, rapporte –0,35 %, elle vient grignoter l’actif en euros de la compagnie, donc à terme le rendement servi aux épargnants. En parallèle, les SCPI ou SCI, non garanties sur le papier, ont offert en 2020 des rendements trois fois supérieurs aux fonds en euros avec un risque très faible. Finalement, il faut remettre le projet de l’épargnant au centre des préconisations. Selon l’objectif poursuivi et son horizon, le conseiller va gérer les curseurs d’investissement, avec du fonds en euros le cas échéant. Au bout de quelques années, en comparant les performances, le client ne sera plus demandeur de fonds en euros mais de diversification.

« La notion de risque doit être expliquée en profondeur, sans jargon. Aux clients qui disent “je ne veux pas perdre d’argent”, il faut répondre que c’est impossible à garantir et que seul le risque de perte peut être limité au maximum. »

 

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