Premiers rebonds sur le marché chinois

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Le vaste plan de relance annoncé par Pékin fin septembre a permis de revoir à la hausse les perspectives pour le marché chinois.
Si les marchés asiatiques ont connu un premier rebond, il convient de s’interroger sur la pérennité du mouvement amorcé, afin de voir si ce regain d’intérêt sera pérenne, et permettra de renouer avec des dynamiques d’investissement plus importantes.


Premiers rebonds sur le marché chinoisLe Politburo a profité de sa réunion de septembre, habituellement peu animée, pour réaffirmer la détermination de la Chine à atteindre son objectif de croissance annuelle du PIB à 5 % et à s’attaquer aux « maillons faibles » de l’économie. La présentation d’un plan de relance historique, marqué par des baisses de taux d’intérêt, l’assouplissement des règles relatives à l’achat de logements et l’augmentation des liquidités, a permis au marché boursier chinois de sortir de l’impasse dans laquelle il se trouvait depuis la pandémie de Covid. Les investisseurs ont été rassurés par la détermination des dirigeants chinois à s’attaquer au principal problème de l’économie chinoise : la crise du secteur immobilier. La décision d’opérer d’importants changements, comme, par exemple, l’utilisation du bilan de la Banque populaire de Chine (PboC) pour faciliter le financement des prêts immobiliers et ainsi résorber la surabondance de biens immobiliers, ou encore de l’utilisation de la position relativement forte du gouvernement central pour alléger le fardeau de la dette des collectivités locales et permettre ainsi l’achèvement de chantiers résidentiels, va dans le bon sens.

Un changement de paradigme dans la politique économique chinoise
Ces annonces semblent augurer d’une inflexion dans la politique économique chinoise, dans la mesure où elles viennent directement soutenir la demande, contrairement aux mesures précédentes, axées sur l’offre et n’ayant eu qu’un effet limité. En septembre, la Chine a émis pour 300 milliards de renminbi (42,5 milliards de dollars) d’obligations d’Etat spéciales afin de financer des subventions accordées aux consommateurs pour l’échange et la modernisation d’équipements et de biens qui vont des appareils électroménagers aux voitures. D’autres villes pourraient, par ailleurs, suivre l’exemple de Shanghai et distribuer des coupons de consommation pour stimuler les services. Mais derrière ces mesures « accessoires », l’objectif principal du gouvernement chinois reste la stabilisation des prix de l’immobilier, condition sine qua non d’une reprise à long terme de la consommation chinoise. Etant donné que près de 70 % de la richesse des ménages chinois réside dans le logement, cette stabilisation s’avère cruciale pour booster l’« effet de richesse » ressenti à la suite du rebond boursier. Bien qu’audacieuse, nous pensons que cette mission de « stabilisation contrôlée », qui consiste à amortir l’économie en vue d’un atterrissage en douceur, reste réalisable. En parallèle, les baisses de taux de la Réserve fédérale américaine procurent également à la Chine une plus grande marge de manœuvre pour assouplir sa politique monétaire. Dans ce contexte, nous restons néanmoins vigilants pour s’assurer que les politiques annoncées soient mises en œuvre et qu’elles aient un impact réel sur le consommateur.

A long terme, les investisseurs doivent se préparer à une évolution des modes de consommation en Chine
Au-delà des mesures conjoncturelles, les investisseurs ne doivent pas perdre de vue qu’à terme, la Chine cherche à se défaire de sa dépendance à l’égard de l’immobilier, en tant que principal moteur de croissance. Dans la mesure où les prêts hypothécaires vont représenter une part moins importante du revenu disponible des consommateurs, nous anticipons une forte accélération dans de l’évolution des modes de consommation. Cette tendance de fond va refaçonner en profondeur les industries et les entreprises chinoises. Parmi les « signaux faibles » de cette métamorphose, nous remarquons le succès grandissant des enseignes nationales chinoises. Par exemple, dans le domaine des cosmétiques, elles commencent à gagner des parts des marchés à l’étranger et connaissent une préférence de plus en plus marquée au niveau national, à tel point qu’elles deviennent des concurrents très sérieux face aux multinationales déjà bien implantées. Une autre tendance est la croissance de la consommation basée sur l’expérience, un concept assez large qui couvre notamment le commerce en ligne, le tourisme, les loisirs ou les services liés à l’éducation. Cela matérialise une évolution dans la valeur perçue par le consommateur, au travers d’expériences de shopping transformatrices. Il est également clair que les consommateurs chinois dépensent avec plus de prudence. Mais ils sont également de plus en plus disposés à économiser pour pouvoir s’offrir aussi bien des produits de luxe que des produits présentant un bon rapport qualité/prix. Le plan de relance chinois présenté en septembre marque donc un tournant stratégique dans la politique économique du pays, axé sur le renforcement de la consommation et la stabilisation du secteur immobilier. Si ce programme a déjà permis un rebond des marchés asiatiques, sa pérennité dépendra de la capacité de la Chine à maintenir une dynamique de croissance durable tout en répondant aux défis structurels de son économie, telle que sa dépendance à l’immobilier. Dans ce contexte, l’évolution des modes de consommation, avec une montée en puissance des marques nationales et une croissance de la consommation axée sur l’expérience, augure de profonds changements pour les entreprises opérant sur le marché chinois.
Premiers rebonds sur le marché chinois 01

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