Depuis 2002, NextStage AM, spécialiste du capital-développement, œuvre pour le financement des PME et ETI françaises et l’ouverture du patrimoine des Français aux actifs réels. Entretien avec son président, Grégoire Sentilhes, selon qui la loi industrie verte va offrir de nombreuses opportunités et qui envisage d’élargir le champ d’action de sa société.
Investissement Conseils : Quel bilan et quelles perspectives pouvez-vous tirer de ces derniers mois pour votre activité ?
Grégoire Sentilhes : Après une belle année 2023 qui nous a vus terminer à 8 milliards d’euros d’actifs sous gestion (en intégrant nos participations au sein de Linxea et d’Atream) et quatre-vingt-deux sociétés en portefeuille, nous avons réalisé un premier semestre très solide, que ce soit en termes de collecte, d’investissement et de sorties, que de performance avec un actif net réévalué supérieur à +10 % pour nos principaux véhicules. Avec peu ou pas de levier, nous avons également peu souffert durant la période de hausse des taux. Tous ces éléments viennent renforcer la pertinence de notre action depuis plus de vingt ans désormais. Par exemple, NextStage Croissance (FR0013202108), notre unité de compte aujourd’hui référencée par sept compagnies d’assurance, est en tête des classements sur six mois, douze mois et trois ans (+ 57,38 % sur trois ans, + 12,18 % sur un an et + 11,30 % depuis le début de l’année : source : Quantalys au 31 août dernier, ndlr). Ces performances sont un facteur à la fois motivant et rassurant pour l’ensemble de notre écosystème : cabinets de conseil en gestion de patrimoine, banques, assureurs et clients finaux. Après le coup d’arrêt brutal subi par la pierre-papier, le fort développement des produits structurés invite à la prudence, et les allocations vont se rééquilibrer en faveur du capital-
investissement. Nos perspectives sont ainsi fortes, d’autant plus que la loi industrie verte qui entre en vigueur de 24 octobre prochain va fortement accélérer la démocratisation du capital-investissement dans les patrimoines des Français via l’assurance-vie et le plan d’épargne-retraite. Nous sommes actuellement au cœur d’un mouvement industriel de structuration des actifs privés en France et en Europe, à l’image de ce qui a pu se produire il y a vingt ans aux Etats-Unis, et qui répond à la volonté des épargnants de se reposer sur des produits performants, lisibles et qui ont du sens, comme le demandent les investisseurs privés et encore plus les plus jeunes, ainsi que l’a montré une étude que nous avons menée avec Maison Herez et Spirica en 2023. Investir dans nos entreprises est un enjeu vital pour notre économie et pour l’Europe. Comme l’a récemment indiqué Mario Draghi, il est urgent d’investir dans notre propre économie car l’écart se creuse avec la Chine et les Etats-Unis. Or, l’Europe est la région la plus riche en termes d’épargne, et l’épargne est un levier de performance économique. Un cercle vertueux est à construire et les conseillers en gestion de patrimoine, les banques privées et les institutionnels doivent saisir cette opportunité. Il est tout de même mieux d’investir à proximité de chez soi et de voir son argent au travail.
Un mot sur quelques-unes de vos participations ?
Nous restons positionnés sur nos trois principaux marchés : le digital, la santé intelligente et l’innovation environnementale. Nous voyons émerger – et profitons – des stratégies de « smart cost », une tendance de fond selon laquelle les entreprises, pour être compétitives d’un point de vue tarifaire, intègrent toute la chaîne de valeur dans leur modèle, ce qui leur permet de mieux maîtriser leur marge et leur relation avec leurs clients. Si tout n’est pas rose et que l’environnement est difficile et incertain, nous enregistrons quelques beaux succès, comme Clareo Lighting, un spécialiste de l’éclairage intelligent, Linxea, bien connu dans l’univers de la gestion de patrimoine, Adopt Parfums qui a fortement développé son volume de ventes, ou encore Eurobio Scientific dans le domaine de l’oncologie. Ces opérations sont la preuve que lorsqu’on irrigue en capitaux propres les PME et ETI françaises et qu’on les accompagne dans leur développement, le succès est au rendez-vous. Parallèlement, dans la période récente, nous n’avons pas connu de difficultés pour céder nos positions, que ce soit via des industriels ou des grands fonds d’investissement qui nous suivent.
Quels sont vos produits en cours de commercialisation ?
Nous disposons bien entendu de nos deux fonds Evergreen, NextStage Croissance et NextStage Evergreen, dont les encours devraient rapidement croître dans les prochains mois. Après avoir levé 35 millions d’euros et 50 millions d’euros pour les deux premiers millésimes de NextStage Capital Entrepreneur, nous devrions lancer le troisième millésime. Notre ambition est d’atteindre les 75 millions d’euros de collecte pour ce FPCI éligible au 150–0 B ter, un dispositif de plus en plus utilisé par les professionnels du patrimoine. Sur ce produit, nous disposons notamment d’accord de partenariat avec de grands acteurs (BNP Paribas, Axa et Crédit agricole-Amundi) pour diffuser cette solution en marque blanche. Notre gamme NextStage Championnes est aussi ouverte à la souscription, et notre offre Pépites & Territoires reste distribuée via le réseau d’Axa. De façon assez classique, nous devrions également proposer notre prochain FCPI NextStage Rendement d’ici la fin de l’année.
Quels sont vos autres projets dans les mois à venir ?
Avec l’entrée en vigueur de la loi industrie verte, nous devrions lancer de nouveaux véhicules à la fin de ce quatrième trimestre et/ou en début d’année prochaine. Nous réfléchissons à de nouveaux véhicules de Private Equity et à saisir les opportunités que nous décelons sur le marché de la dette privée. Des projets sous le format Eltif sont en cours et pourraient nous permettre d’élargir notre distribution au niveau européen. Par ailleurs, notre plate-forme immobilière Atream, dont les performances sont robustes avec des rendements supérieurs à 5 % et sans réajustement des prix des parts, devrait également élargir sa gamme dans les mois à venir.
Quel regard portez-vous sur l’arrivée massive de nouveaux acteurs dans votre secteur, en particulier des plates-formes ?
Les CGP ne doivent pas perdre de vue trois enjeux majeurs : la qualité de la performance, l’impact des frais qui est essentiel et trop souvent mal appréhendé et la qualité de service. Le temps nous dira si ces nouveaux acteurs ont su délivrer les performances attendues et répondre aux attentes des investisseurs et de leurs conseils.