Une proposition de valeur au service des CGP

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Galilee Asset Management, société de gestion strasbourgeoise, se met au service des cabinets de conseil en gestion de patrimoine depuis quelques années en proposant une offre de produits et de services innovants. Entretien avec son président, Roni Michaly.

Une proposition de valeur au service des CGPInvestissement Conseils : Depuis quelques années, Galilee Asset Management s’est progressivement rapproché du marché des CGP. Quelle est votre offre  ?
Roni Michaly : En effet, de 2000 à 2017, Galilee Asset Management s’est adressé, uniquement et depuis Strasbourg, à une clientèle directe pour la gestion de leurs portefeuilles au sein de compte-titres, et de contrats d’assurance-vie et de capitalisation français et luxembourgeois. Puis, nous avons élargi notre clientèle aux cabinets de CGP via le lancement d’une offre de gestion sous mandat, de mandats d’arbitrage, de gestion de FID (fonds internes dédiés)… L’offre se veut ainsi très large, puisque nous collaborons, notamment, avec treize assureurs luxembourgeois et sept dépositaires différents. Pour nous rapprocher de nos partenaires, nous avons ouvert, dès 2019, un bureau à Paris. Progressivement, pour innover et nous différencier, nous avons élargi notre offre avec une approche thématique. Tout d’abord, depuis 2019, nous suivons en permanence vingt-cinq thèmes d’investissement. L’année suivante, nous avons obtenu l’agrément pour la gestion de produits complexes, ce qui nous permet de gérer des mandats de produits structurés. Plus récemment, en 2023, nous avons procédé aux acquisitions de Sedec Finance (70 millions d’euros d’encours) et de Stratège Finance (55 millions d’euros sous gestion) qui nous ont permis de largement dépasser le cap des 300 millions d’euros d’actifs sous gestion, mais aussi d’élargir nos expertises, notamment sur l’obligataire, et nos équipes. Cette année, nous avons conclu un partenariat avec BlackRock pour la distribution de mandats gérés à 100 % en ETF (prudent, équilibré, dynamique et thématiques). Côté distribution, cette fois-ci, un autre partenariat a été signé avec RockFi, un réseau d’une trentaine de conseillers en gestion de patrimoine pour la gestion de mandats sous différentes formules (ETF, produits structurés, thématiques, PEA en titres vifs). Notre positionnement se veut donc original, contrairement aux sociétés de gestion qui gèrent et distribuent des OPCVM auprès des CGP.

Pourriez-vous nous présenter votre approche des thématiques  ?
Nous suivons vingt-cinq thématiques différentes chaque jour. Nous avons récemment lancé une plate-forme digitale, Galilee Trends, où l’on retrouve les performances des différentes thématiques, mais aussi d’autres indicateurs comme la volatilité, des classements par style Growth (Cloud, intelligence artificielle, robotique, etc.) ou Value (besoins énergétiques, etc.). Quatre trackers thématiques ont été créés : sur le luxe et le Lifestyle, l’intelligence artificielle et la robotique, l’eau, et l’exploration spatiale. Ces trackers se composent de cinquante lignes, qui sont les valeurs les plus représentées dans les fonds et ETF liés à une même thématique. La gestion thématique étant subjective, nous nous appuyons sur l’intelligence collective pour déterminer ces valeurs. Plus une valeur a un poids élevé dans les fonds et ETF, plus elle aura d’importance dans notre indice et nous pondérons ce poids avec un filtre de capitalisation boursière.

Comment voyez-vous évoluer le marché des conseils en gestion de patrimoine  ?
Deux éléments apparaissent primordiaux. Tout d’abord, la gestion des arbitrages est hyper chronophage pour les professionnels du patrimoine, en particulier la justification des arbitrages qui peuvent les mobiliser une à deux heures pour chaque client. Un écart va donc se creuser entre ceux qui peuvent se reposer sur un fonds dédié, dont ils maîtrisent l’évolution de l’allocation grâce à la proximité qu’ils entretiennent avec le gérant, et ceux qui ne disposent pas de ce véhicule. Parallèlement, nous assistons à la consolidation du marché inhérente à l’arrivée des fonds de capital-investissement sur le marché. Ces consolidateurs disposent souvent d’une société de gestion. Or je suis sceptique par rapport à ce mouvement qui fait perdre de l’indépendance aux conseillers en gestion de patrimoine… Dans ce contexte, nous considérons qu’une société de gestion comme la nôtre se doit de délivrer une proposition de valeur différente, à la fois en termes de produits et de services, et non pas créer le énième fonds actions sur l’Europe ou le énième mandat de gestion équilibré, ce également alors que nous assistons à un recul de la gestion active en France et dans le monde. C’est pourquoi, nous avons lancé nos offres thématiques, 100 % ETF, produits structurés, entre autres, tout en créant une proximité avec nos partenaires CGP, mais aussi avec des sociétés de gestion de taille importante.

Vous avez également plusieurs fois affiché votre mécontentement vis-à-vis de Value for Money…
Oui, nous appelons à une plus grande concertation entre les différents acteurs, en particulier les assureurs et les sociétés de gestion. Ces dispositions impactent fortement la multigestion : désormais, pour réduire les frais de nos fonds de fonds, nous sommes contraints d’avoir plus massivement recours aux ETF. Or ces outils de gestion sont majoritairement fournis par des acteurs anglo-saxons, au détriment des fonds gérés activement. Cela a pour conséquence de détruire une partie de la gestion active française qui est un de nos fleurons… En matière d’allocation d’actifs, la gestion passive n’est pas toujours la solution à privilégier.

Comment se répartissent vos encours entre vos différentes offres  ?
Aujourd’hui, nos 350 à 400 millions d’euros d’encours (selon les variations des marchés) proviennent principalement de notre activité BtoB. Environ 200 millions d’euros sont gérés sous la forme de mandats avec une offre de gestion classique (prudent, équilibré, etc.), mais de plus en plus de gestion novatrice (ETF, produits structurés, thématique, etc.). Environ 150 millions d’euros sont investis via des OPCVM, en particulier des fonds dédiés. En effet, nous gérons pour 90 millions d’euros de fonds dédiés. Cinq fonds nous sont aujourd’hui confiés, le plus important pesant 45 millions d’euros.

Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années  ?
Nous comptons atteindre les 500 millions d’euros d’encours l’an prochain, aussi bien par croissance organique qu’externe. Il s’agit d’un seuil symbolique qui permet de s’adresser à d’autres types de clients (groupements, institutionnels, etc.), mais aussi d’être plus facilement référencé sur les plates-formes et chez les assureurs. Si la croissance à deux chiffres que nous enregistrons depuis trois ans se poursuit, nous devrions atteindre cet objectif. Ensuite, nous viserons le milliard d’euros.

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