L’économie mondiale est actuellement confrontée à de violents vents contraires: problèmes persistants de chaîne d’approvisionnement, inquiétudes concernant l’approvisionnement énergétique en Europe et augmentation des coûts de financement.
L’économie mondiale est actuellement confrontée à de violents vents contraires de trois types:aux problèmes persistants de chaîne d’approvisionne-ment s’ajoutent, depuis l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, des inquiétudes concernant l’approvisionnement énergétique en Europe. Ces deux éléments augmentent le risque d’une nouvelle hausse de l’inflation. Les banques centrales des deux côtés de l’Atlantique doivent réagir à cette situation. La conséquence représente le troisième élément de cette tempête pour l’économie et les marchés financiers à savoir l’augmentation des coûts de financement.
Aux Etats-Unis, par exemple, le taux d’intérêt hypothécaire à trente ans a fortement augmenté et n’a jamais été aussi élevé depuis 2009.
Quel est le risque de stagflation ?
Pour estimer l’évolution du marché au cours des deux prochaines années, nous discutons de quatre scénarios alternatifs. L’un de ces scénarios décrit une nouvelle aggravation de la guerre en Ukraine et dans ses environs. Un autre, plus positif, évoque la possibilité d’un cessez-le-feu.
Ces deux scénarios ont une probabilité faible, mais non négligeable, respectivement de 10 % et de 15 %. Dans notre scénario de base, nous prévoyons une baisse très lente des taux d’inflation au cours des deux prochaines années, avec une détérioration de la dynamique économique. Compte tenu de la grande incertitude qui entoure la guerre, nous accordons actuellement à ce scénario une probabilité de 50 %. Il reste donc 25 % de probabilité d’occurrence d’un scénario adverse de stagflation. Une caractéristique supplémentaire d’un tel scénario, en plus d’une inflation élevée, est l’augmentation du taux de chômage, ce que nous n’observons pas actuellement.
Au contraire, en France, en Allemagne, mais aussi en Grande-Bretagne, le taux de chômage est à son plus bas niveau depuis plusieurs années. Une preuve du succès des politiques monétaire et budgétaire visant à empêcher une crise économique induite par la pandémie. Avec la guerre en Ukraine, les craintes de récession font de nouveau la une. Toutefois, la solidité du marché de l’emploi soutient la demande des consommateurs et indique, associée à la forte inflation actuelle, une pression salariale renforcée. Les banques centrales devraient répondre par une normalisation de la politique monétaire.
A nos yeux, la question de savoir si l’Europe restera approvisionnée en gaz russe pendant l’hiver prochain sera cruciale. Si c’est le cas, le risque de stagflation restera contrôlable. Les taux d’inflation élevés actuels peuvent être réduits par un resserrement de la politique monétaire et une détente des problèmes de chaîne d’approvisionnement.
Comment investir en période d’inflation élevée ?
Il est indéniable qu’en ce moment, les épargnants doivent trouver des réponses aux taux d’inflation élevés et aux taux d’intérêt réels négatifs. Nos études sur les rendements des marchés financiers sur plus de cent-cinquante ans confirment l’hypothèse intuitive selon laquelle les placements dans l’immobilier et les actions assurent la meilleure préservation de la valeur réelle en période de hausse de l’inflation. Plus récemment, la classe d’actifs infrastructures peut également répondre à ce besoin. Mais lorsque l’inflation élevée s’accompagne d’une conjoncture sclérosée et d’une hausse du chômage, c’est-à-dire dans une phase de stagflation, les actions s’en sortent moins bien en tant que protection contre l’inflation.
Marc Brütsch, Chief Economist, Swiss Life Asset Managers Achevé de rédiger le 18 mai