Renforcer son allocation d’actifs en Private Equity

Les acteurs
Outils
TAILLE DU TEXTE

Lancé il y a dix-sept ans, NextStage accompagne des entreprises de taille moyenne dans leur développement et offre un accès au Private Equity aux grands investisseurs institutionnels et privés, mais aussi aux investisseurs particuliers via ses FCPR et son UC NextStage Croissance. Son président, Grégoire Sentilhes, attend avec impatience le lancement officiel de la loi qui va démocratiser l’accès au capital-investissement au plus grand nombre.

Investissement Conseils : Pourriez-vous nous présenter votre société ?

Grégoire Sentilhes : NextStage AM est une société de gestion en Private Equity que j’ai fondée en 2002 avec Jean-David Haas. Nous étions tous deux des entrepreneurs autour d’entreprises de l’Internet que nous avons fondées, et celle que je présidais aux Etats-Unis est rentrée au Nasdaq. Notre culture est une culture d’«  entrepreneur-investisseur  ».

Nous sommes spécialisés sur le capital-développement, donc très attachés à sélectionner des entrepreneurs de premier plan car ce sont eux qui sont le premier moteur de la création de performance. Nos investissements s’effectuent dans des entreprises qui ont atteint une taille critique, qui innovent et sont en capacité de disrupter un marché. Pour cela, nous investissons en fonds propres sur le long terme, ce que nous appelons le «  capital-patience  ». Nos investissements ne sont pas uniquement financiers, mais également humains puisque nous accompagnons ces entrepreneurs dans le temps pour leur permettre de devenir des champions de leur marché en France et à l’international, y compris grâce à des opérations de croissance externe. En effet, depuis notre création, nous avons investi dans 134 entreprises et accompagné 332 opérations de croissance externe. 

En moyenne, les entreprises en portefeuille, ont réalisé en 2018, un chiffre d’affaires de 79 M€, pour un Ebitda de 12 M€, soit environ 15 % de rentabilité, et ont réalisé un taux de croissance + 51 %, dont 27 % en croissance interne. Nos investissements se font sur une base moyenne de 7,2 fois l’Ebitda, contre plus de 10,1 fois pour la moyenne du marché. C’est notre présence en amont depuis près de dix-sept ans, via notre réseau de CGP et de banquiers privés, qui nous a permis de construire un deal-flow de près de 400 dossiers par an, de faire avant tout des opérations en «  primaire  », ce qui permet d’afficher cette belle décote. Au final, le TRI réalisé sur l’ensemble des investissements réalisés sur la période 2009–2019 est supérieur à 15 % de TRI brut par an. Par exemple, notre FCPR NextStage Championnes II, lancé en 2009 et qui a finalisé la liquidation de son dernier investissement en 2019, affiche un TRI brut supérieur à 20 % ce qui permet à l’investisseur de réaliser un multiple brut de 2.

NextStage AM, c’est une société de gestion qui compte une équipe de 31 collaborateurs, mais c’est aussi NextStage une société d’investissement cotée depuis 2016, NextStage Croissance, un feeder mis en place avec les grands assureurs de la place, et des prises de participations majoritaires dans Atream, spécialiste de l’investissement immobilier hôtelier (Accord, Trigano…) et Kerala Ventures, spécialisée dans l’incubation et l’accélération du développement de start-up, comme précédemment Doctolib, Evaneos, Privateeser… Au total, l’ensemble représentait, à fin 2018, 2,5 Md€ d’encours. Quant à notre collecte, elle représente près de 150 M€ par an via des investisseurs particuliers et des grands investisseurs privés et des institutionnels. Nous envisageons une accélération de notre activité cette année avec beaucoup d’initiatives en cours. Chez NextStage, nous sommes fiers d’accompagner des entrepreneurs dans leur aventure et de faire profiter aux clients finaux de ces opportunités de performance générées par ces entreprises de taille moyenne en croissance, tout en donnant du sens à leur épargne parce qu’elles sont proches d’eux et sont ancrées dans nos régions et nos territoires.  Cela est fondamental, alors que le capital-investissement en France ne représente que 1 % de l’épargne des ménages, contre 10 % aux Etats-Unis, ce qui montre quelle est notre capacité à faire encore plus et mieux.

 

Pourquoi vous êtes-vous orientés sur le capital-développement ?

 Parce que les entreprises européennes de taille moyenne sont peu ou pas capitalisées en fonds propres. En France plus particulièrement, nous avons, contrairement à l’Allemagne, l’Italie et l’Angleterre, sous-estimé le potentiel de ces entreprises, y compris en matière d’emplois (12.5 millions en Allemagne, contre 6.5 millions en France par les ETM), et leur importance pour notre tissu économique dans nos territoires. Nous nous sommes polarisés sur les multinationales du CAC 40, ou plus récemment les start-up. Or, les méga-capitalisations d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier : elles sont digitales, elles s’appellent Amazon, Google, et proviennent des Etats-Unis ou de la Chine (Alibaba, Tencent…). Dès lors, nous visons les entreprises de taille moyenne qui ont compris que leur compétitivité sur leur marché nécessite de se développer à l’échelle du monde, en utilisant les possibilités offertes par Internet, tout en innovant. Et pour se développer ces entreprises n’ont pas besoin de plus de dette, mais davantage de fonds propres.

 

Quels secteurs privilégiez-vous ?

 La logique d’investissement «  sectoriel  » est, selon nous, dépassée, voire dangereuse. Nos choix reposent avant tout sur des tendances de fond transversales qui émergent de la 3e révolution industrielle, qui transforme tout depuis 1995, et l’avènement d’Internet :

- l’économie du partage via les plates-formes digitales, comme Dream Yacht Charter, le leader mondial de la location de bateau, Natura Buy, ou Steel Shed Solution ;

- l’internet industriel, que ce soit en amont via les robots ou en aval via l’Internet des objets et l’IA avec Yseop ;

- l’économie positive, comme la croissance verte avec GreenFlex que nous avons accompagné jusqu’à son rachat par Total en septembre 2017 et qui est passé de 60 à 300 M€ de chiffre d’affaires ;

- et enfin l’expérience client et/ou l’économie de la valeur de nos émotions et de la qualité de l’expérience client, avec par exemple l’investissement réalisé dans Arkose, le spécialiste des salles de murs d’escalade en milieu urbain.

 

Un mot sur le nouveau FCPR Rendement n° 2 ?

 Ce FCPR (FR0013412210) s’adresse à la clientèle de CGP et de banquiers privés et co-investit dans dix à vingt entreprises aux côtés de nos autres véhicules d’investissement en obligations convertibles et actions. Il offre la possibilité de bénéficier d’une exonération sur les plus-values après cinq années de détention. Nous comptons également lancer un autre FCPR pour permettre aux dirigeants d’entreprise d’investir dans le cadre de l’article 150-OB ter. En effet, il est désormais possible de réinvestir jusqu’à 60 % de la plus-value du produit de cession dans un véhicule d’investissement.

 

Vous devez attendre la mise en œuvre de la loi Pacte avec impatience…

 Tout à fait ! L’épargne des Français et la profession de CGP vont être profondément transformées, avec la portabilité des enveloppes et l’émergence de l’épargne-retraite. Désormais, l’épargne des Français va pouvoir être gérée et investie de manière «  transversale  » et non plus en «  silos verticaux  », grâce aux passerelles organisées entre les dispositifs. Le conseil des professionnels du patrimoine va également évoluer vers une gestion visant à optimiser la performance par rapport à un horizon de temps, avec une logique de diversification des actifs et non plus sous le seul prisme de la gestion du risque. En effet, l’épargne retraite a une duration moyenne de vingt-quatre ans ! On devrait donc ainsi voir l’évolution du métier de CGP vers plus de financial planning comme ce qu’il se fait aux US. Enfin, la loi Pacte va démocratiser l’accès au capital-investissement, qui est la classe d’actifs qui donne la meilleure chance de rehausser la performance de l’épargne des Français (1,6 % de taux de rendement moyen pour les contrats en euro en 2018) et de donner plus de valeur au pouvoir d’achat des futurs retraités. En effet, n’oublions pas qu’un capital placé à 2 % sur trente ans permet seulement de multiplier le capital investi par 1,84 ; et qu’avec un rendement annualisé de 10 %, le multiple est de 17,45 ! Nous parlons ici d’accumuler de la richesse jusqu’à la retraite, puis de décumulation de cette épargne.

Dès lors, cela va passer par la création d’OPCR, des véhicules équivalents aux OPCI, mais au sein desquels le Private Equity remplace la poche immobilière, et les FPCE de destination au sein de l’épargne-retraite, qui pourront être investis jusqu’à 50 % en capital-investissement à long terme. Des annonces seront faites dans ce sens dès octobre prochain, avec différents partenaires. Par ailleurs, la loi Pacte va permettre d’augmenter la part d’UC de Private Equity en assurance-vie de 10 à 30 % et donc le nombre de clients potentiels. Or nous sommes, depuis le lancement de la loi croissance en 2016, précurseurs dans ce domaine avec NextStage Croissance qui est déjà disponible chez Axa, Spirica, Ageas, Intencial et désormais Swiss Life. Pour nos partenaires CGP et banquiers privés, il s’agit d’une opportunité formidable, qui va nécessiter de faire preuve d’énormément de pédagogie – aussi bien sur ces nouveaux dispositifs que sur la réforme des retraites qui se dessine –, et où leur valeur ajoutée va pleinement s’exprimer. L’émergence du financial planning, une opportunité majeure pour les CGP.

 

❚ Propos recueillis par Benoît Descamps

 

Articles sélectionnés pour vous

logo lbf