Vers un retour de l’inflation ?

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L’inflation qui semblait avoir définitivement disparu du paysage économique est revenue depuis quelques mois au centre des débats.

Doit-on vraiment s’attendre au grand retour de « l’hydre inflationniste » ou d’ores et déjà écarter ce scénario de nos préoccupations ? Les principaux facteurs susceptibles d’engendrer un processus inflationniste ont depuis longtemps été identifiés par les économistes. Il est ainsi généra-lement admis que l’inflation peut d’abord survenir lorsque les producteurs répercutent l’augmentation des coûts de production qu’ils subissent sur les prix de leurs produits, d’où le nom d’inflation par les coûts associé à ce phénomène. L’inflation peut également résulter d’un excès durable de la demande sur l’offre sur le marché des biens et des services. Cette inflation dite par la demande apparaît lorsque les facteurs de production (capital et travail) étant pleinement employés, les entreprises sont de fait dans l’incapacité de satisfaire la demande supplémentaire qui leur est adressée.

L’inflation peut enfin être comme chacun sait d’origine monétaire, ce qui s’observe parfois lorsque la quantité de monnaie créée excède la production de biens et services.

Tentons à présent d’évaluer l’ampleur du risque inflationniste à la lumière de cette grille de lecture.

Pic d’inflation

Il semble désormais acquis que 2021 se traduira par un pic d’inflation dans la plupart des pays occidentaux. Car en effet, qu’il s’agisse de l’envolée du cours des matières premières, côté coûts, ou de la désorganisation dans les chaînes de production consécutive à la pandémie, côté demande, tout se conjugue actuellement pour que les prix connaissent une vive accélération.

De l’avis unanime, ce phénomène ne devrait cependant pas être pérenne car le « déficit »de croissance accumulé durant la crise permettra de contenir les pressions inflationnistes pendant encore de nombreux trimestres et cela pour au moins deux raisons. Ce déficit s’est en premier lieu traduit par un sous-emploi durable des facteurs de production qui éloigne tout risque d’un dérapage des coûts salariaux.

Il laisse, par ailleurs, suffisamment de marge de manoeuvre aux producteurs pour répondre à tout accroissement significatif de la demande sans devoir augmenter leurs prix.

Dès 2022, l’inflation devrait dans ce contexte post-pandémique revenir vers ses niveaux de long terme en 2022, soit environ 2,2 % aux Etats-Unis et 1,2 % en zone euro.

Monétisation des déficits publics

Si à court et moyen terme, le rebond de l’inflation devrait donc rester contenu, en sera-t-il de même à plus longue échéance au vu du recours massif à la planche à billets dont usent les autorités monétaires pour financer les déficits publics ? L’histoire économique nous enseigne que le financement sans retenue des déficits publics par la monnaie dégénère il est vrai souvent en inflation. Mais ce n’est pas une fatalité et les marchés financiers qui accordent une grande confiance à la sagesse de nos grands argentiers, écartent pour l’instant cette éventualité. Il n’est donc pas trop tard pour ceux qui ne partagent pas leur analyse, de commencer à s’en prémunir…

Eric Bourguignon, directeur des activités sur titres pour compte de tiers, Swiss Life Asset Managers France Achevé de rédiger le 5 mai titres pour compte de tiers de Swiss Life Asset Managers France.

 

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