Morgan Stanley Investment Management a renforcé son dispositif d’accompagnement du marché des conseils en gestion de patrimoine et family offices, avec le recrutement de Benjamin de Frouville en tant que vice-président et l’élargissement de son offre de solutions d’investissement. Thomas Chaussier, directeur France, et Benjamin de Frouville dévoilent leur vision du marché et leur stratégie de développement.
Investissement Conseils : Pourriez-vous nous présenter l’activité de Morgan Stanley Investment Management en France ?
Thomas Chaussier : Dans le monde entier, Morgan Stanley Investment Management comptait, au 31 mars, 1 400 milliards de dollars sous gestion pour le compte de tiers et c’est naturellement que la société s’est implantée en France, dès 1996. Dans l’Hexagone, contrairement aux Etats-Unis, nous n’avons pas d’équipe de gestion privée, alors que nous sommes pour cette activité leader aux États-Unis et dans le top 3 au niveau mondial. Le groupe dispose en France d’activités orientées clients, dont la banque d’affaires, les activités de marchés, l’émission de produits structurés et l’asset management, avec des solutions sur toutes les classes d’actifs:actions, obligations, actifs alternatifs… Dans ce domaine, nous distribuons nos solutions d’investissement à l’ensemble des typologies d’investisseurs, avec, ce qui prouve notre engagement à long terme sur le marché français, la création de notre propre société de gestion dénommée Fund Logic. En effet, il était essentiel de pouvoir gérer depuis la France pour créer des solutions dédiées ou en marque blanche. Historiquement nous nous sommes adressés aux investisseurs institutionnels, et depuis quelques années, nous élargissons notre distribution via les acteurs de la gestion conseillée, tels que les banques privées, les family offices et les cabinets de conseils en gestion de patrimoine.
Notre volonté est de faire connaître les stratégies, notamment les plus récentes, via l’acquisition de la société de gestion américaine Eaton Vance, en mars 2021, qui englobe notamment la société Calvert Research & Management. Par cette opération, nous avons renforcé nos offres en gestion obligataire et sur l’investissement socialement responsable, puisque Calvert est le pionnier dans ce domaine avec plus de quarante années d’expertises sur le sujet aux Etats-Unis.
Nous disposons également d’une activité d’investissement dans le non-coté que nous souhaitons davantage mettre en avant, avec des solutions en immobilier, sur les infrastructures, en Private Equity et en dette privée, que ce soit sur le marché primaire ou secondaire ou en co-investissement. Ces solutions sont accessibles via des fonds ouverts ou non, ou des mandats de gestion dédiés.
Pourquoi avez-vous finalement décidé de vous lancer sur le marché de la distribution ?
T. C. : Il y a deux ans, nous avons considéré qu’il s’agissait du bon moment pour nous d’investir ce marché, notamment pour un acteur global et de qualité comme Morgan Stanley Investment Management. Diverses raisons ont motivé cette décision. L’une d’entre elles est l’intérêt croissant des clients pour la gestion conseillée, ce qui s’est traduit par une hausse de la part d’unités de compte dans les contrats d’assurance-vie. Parallèlement, les nouveaux produits d’épargne-retraite sont apparus et favorisent la prise de risque des investisseurs sur le long terme. La concentration des acteurs est également un plus, car cela signifie une encore plus grande professionnalisation des acteurs. Enfin, nous avons également assisté à la démocratisation de l’accès au non-coté pour la clientèle patrimoniale. Pour Morgan Stanley Investment Management, il s’agit d’une nouvelle étape de notre développement en France. C’est pourquoi, pour approfondir notre démarche, nous avons recruté Benjamin de Frouville qui compte quinze années d’expérience sur cette clientèle.
Benjamin de Frouville : En effet, même si nous avons déjà une belle base de clients conseillers en gestion de patrimoine et family offices, notre objectif est de faire rayonner notre marque plus largement sur le marché français en faisant découvrir ce qu’apprécient nos clients institutionnels depuis de nombreuses années.
Pour cela, nous pouvons nous appuyer sur le succès que nous avons rencontré auprès de ces acteurs sur d’autres marchés européens, notamment en Italie. De même, disposer d’une société de gestion à Paris est un atout qui peut nous différencier d’autres acteurs anglo-saxons.
Quelle offre avez-vous décidé de promouvoir auprès de la clientèle des cabinets de conseil en gestion de patrimoine ?
B. d. F. : Nous avons sélectionné plus particulièrement nos deux fonds flagship sur les actions internationales. Il s’agit tout d’abord du fonds MS INVF Global Brands Fund (LU0119620176) qui investit sur une quarantaine de sociétés internationales de grande qualité opérant dans les domaines des biens de consommation, de la santé ou encore des logiciels. Le stock-picking des gérants vise à sélectionner des entreprises de qualité, qui ont des marges élevées dans la durée et qui s’appuient sur des actifs intangibles, tels que les marques, les brevets, les réseaux. Il s’agit d’un fonds de convictions, avec généralement 50 % du portefeuille investi dans les dix premières lignes du portefeuille. Souvent, il s’agit de sociétés américaines pour les deux-tiers ou trois-quarts du fonds, mais qui rayonnent à l’international:par exemple, 40 à 55 % de leur chiffre d’affaires sont réalisés dans les pays émergents.
Le second fonds est MS INVF Global Opportunity Fund (LU0834154790), un véhicule d’investissement également concentré et investi dans des entreprises de croissance de très grande qualité, et dont les principales positions sont exposées à la digitalisation des paiements, au e-commerce, et à l’industrie des logiciels cloud. Ces deux fonds sont très complémentaires avec une seule valeur en commun dans les deux portefeuilles.
De nombreux projets internes vont aboutir dans les semaines et mois à venir, notamment dans le domaine du non-coté, et nous allons pouvoir proposer une offre plus large répondant aux attentes de ce marché en pleine évolution. De même, nous avons le sentiment que les clients et leurs conseillers sont de plus en plus sensibles aux enjeux ESG (environnement, social et gouvernance), et cette tendance va s’accentuer grâce à la réglementation. Ici, nous avons un gros potentiel avec Calvert, qui est une société de gestion native ESG.
Nous disposons notamment de quatre fonds actions régionales classifiés article 9 SFDR – sur les Etats-Unis, sur l’Europe, sur les pays développés et sur les pays émergents –, ainsi que de deux stratégies thématiques:la première sur le climat aligné sur les Accords de Paris – Calvert Sustainable Climate Aligned Fund (LU2459593203) – et la seconde sur la diversité et l’inclusion, Calvert Sustainable Diversity, Equity and Inclusion Fund (LU2459594359). D’autres fonds Calvert, dont certains thématiques, seront lancés dans les prochains mois.
Quel dispositif commercial allez-vous mettre en place ?
T. C. : Benjamin va structurer notre approche de ce marché qu’il connaît parfaitement depuis quinze ans. Nous avons tous les atouts pour nous imposer sur ce marché de plus en plus sophistiqué et avec des portefeuilles qui se diversifient.
B. d. F. : Nous avons déjà prévu d’accompagner certaines plates-formes lors de road-shows. Notre volonté est de nous positionner comme des partenaires de la profession en construisant notre développement dans le temps avec l’ambition d’apporter le meilleur service.