Délivrer une performance récurrente

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Il y a près de deux ans, Raymond James Asset Management International devenait Gay-Lussac Gestion, parallèlement à la prise d’indépendance capitalistique de la société de gestion. Aujourd’hui détenue par son management et ses collaborateurs, la structure se développe fortement auprès des conseils en gestion de patrimoine.
Entretien avec Louis de Fels, associé et directeur des gestions.

Délivrer une performanceInvestissement Conseils : En janvier 2021, Gay-Lussac Gestion faisait sa mue. Quelles ont été les conséquences pour votre société ?
Louis de Fels : En effet, nous avons à la fois changé d’identité et quitté le groupe Raymond James Financial. Ce changement d’identité concomitant avec notre évolution capitalistique a permis de mettre un terme aux confusions qui pouvaient subsister avec l’activité de broker de Raymond James. Aujourd’hui, nous nous affirmons comme une société de gestion indépendante détenue par ses collaborateurs, avec une spécialisation sur les petites et moyennes capitalisations. Nous avons gagné en notoriété, quand bien même la société existe depuis des années.
Cette opération nous a également permis de nous recentrer sur le marché des conseillers en gestion de patrimoine, alors que nous étions jusqu’ici principalement axés sur une clientèle d’investisseurs institutionnels. L’important travail de référencement et le recrutement de plusieurs collaborateurs portent leurs fruits. Avec six embauches depuis un an et demi de moins de trente ans, nous véhiculons une image dynamique et innovante aussi bien auprès des CGP que des family offices et banques privées.
Depuis cette opération, nous encours ont progressé, passant de 1 milliard d’euros à l’époque à 1,6 milliard d’euros, à fin juillet dernier. Malheureusement, la guerre en Ukraine a ralenti notre collecte, puisque nous avions atteint 1,8 milliard d’euros, fin décembre 2021.

Pourriez-vous nous rappeler les raisons de cette prise d’indépendance ?
Le groupe Raymond James Financial réalise 99 % de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis et au Canada. Suite à la crise sanitaire, il a souhaité se recentrer. Nous avons ainsi saisi l’opportunité de devenir actionnaires de notre propre structure, ce qui nous confère une plus grande réactivité dans nos prises de décision.
Cependant, nous n’avons pas totalement rompu les liens avec le groupe, puisque nous avons conservé la gestion Sicav luxembourgeoise, avec les compartiments Raymond James Funds Eagle US Small Caps, Raymond James Funds Reams Unconstrained Bond et Gay-Lussac Microcaps Europe que nous distribuons en Europe.

Quelles sont les différentes activités de Gay-Lussac Gestion ?
Gay Lussac Gestion opère sur quatre métiers : la gestion pour compte de tiers, la gestion collective, l’épargne salariale et retraite, ainsi que la distribution externe pour le compte de Raymond James. La gestion de fonds ouverts représente 25 % de nos encours, à 400 millions d’euros. Nous disposons de différents fonds, notamment sur les petites et moyennes valeurs. La gestion privée, essentiellement en gestion sous mandat en titres vifs et multigestion, représente environ 350 millions d’euros d’encours. Cette offre est également proposée à nos partenaires conseils en gestion de patrimoine. Nous avons réactivé notre offre d’épargne salariale depuis deux ans, avec de nombreux recrutements. Elle repose sur des process désormais totalement dématérialisés et l’accès à notre gestion, ce qui implique des frais peu élevés, une grande réactivité et de la flexibilité. Avec ces trois activités – gestion de fonds, gestion sous mandat et épargne salariale –, nos perspectives de croissance sont bonnes pour les mois et années à venir, même si nous faisons le dos rond depuis le début de l’année.

Quelles sont les spécificités de votre gestion ?
Notre philosophie d’investissement vise à offrir de la récurrence dans nos performances. Nous nous affranchissons des indices avec comme objectif, pour nos fonds actions, de délivrer un rendement de 7 % par an, ce qui correspond à doubler le capital investi sur une période de dix ans. Pour notre fonds flexible, l’objectif est de 5 % par an avec une volatilité inférieure à 7 %. Le choix des valeurs se déroule en quatre étapes. Tout d’abord, nous mettons en place un triple filtre de faible volatilité, faible bêta et de momentum, trois facteurs de surperformance à long terme. En effet, une faible volatilité signifie que l’entreprise dispose de forte barrière à l’entrée et de bonnes parts de marché; et un faible bêta correspond à des valeurs au bilan solide et à bonne visibilité. Enfin, le momentum revient à investir dans des valeurs à la dynamique boursière positive. Bien sûr, en cas de rebond violent des marchés, ses valeurs sous-performent généralement, mais elles finissent toujours par rattraper leur retard.
Ensuite, nous passons à une approche macroéconomique. Avec l’aide de Jean-Pierre Petit, nous identifions les thèmes structurels de croissance que sont actuellement la transition énergétique, les valeurs décorrélées ou dans une situation spéciale, et celles disposant d’un fort Pricing Power. Par exemple, depuis le 15 janvier dernier, nous avons évacué le thème des banques centrales accommodantes, ce qui s’est traduit par de nombreux arbitrages. Cela nous a permis de nous tenir à l’écart des entreprises au Price Earnings élevé qui ont corrigé ces derniers mois, pour nous repositionner sur des valeurs value de qualité. Troisième étape:la sélection des valeurs opérée par le gérant, qui est toujours un analyste, accompagné de quatre analystes et un analyste ESG. Toute la recherche est réalisée en interne sur la base de nos propres données.
Enfin, la dernière étape est quantitative et concerne la construction et le suivi du portefeuille, avec une analyse par budget de risque. Les portefeuilles sont constitués d’une cinquantaine de valeurs de façon non-équipondérée. Leur poids dépend de leur niveau de risque : moins la valeur est risquée, plus elle est représentée. 50 % de la note de chaque titre correspond à son degré de volatilité sur les six mois et 50 % à son coefficient de corrélation par rapport au marché. Au final, les seize à dix-sept premières lignes peuvent avoir un poids compris ente 3 et 5 % et entre 0,5 et 1 % pour les moins bien notées, le tout avec une moyenne à 2 %. Cette stricte analyse du risque qui vient enlever du biais humain explique que nos portefeuilles disposent d’un couple rendement-risque deux fois plus élevé que le marché.

Un mot sur vos différents fonds ?
Gay-Lussac Microcaps, notre fonds de petites capitalisations (jusqu’à 300 millions d’euros de capitalisation lors de la décision d’investissement), affiche une très bonne performance à long terme (+ 52,72 % sur trois ans et + 235,67 % sur dix ans au 12 septembre dernier, source : Quantalys, ndlr). Fermé aux souscriptions, il a rouvert en avril dernier car ses encours étaient passés sous la barre des 90 millions d’euros. Mais il a rapidement refermé, puisqu’en deux jours, nous avons collecté 30 millions d’euros ! Pour les amateurs de petites capitalisations, nous disposons du fonds Gay-Lussac Microcaps Europe (LU2022049022) qui fonctionne bien également (+ 38,76 % sur trois ans au 9 septembre, source:Quantalys, ndlr) et qui, devrait bientôt devenir éligible au PEA-PME. Plus récent, il vient de passer les trois années d’existence et devrait voir sa collecte progresser dans les mois à venir car ses performances sont elles aussi très belles.
Pour les conseillers en gestion de patrimoine, notre fonds flexible, Gay-Lussac Europe Flex (FR0013280211), fonctionne aussi très bien (+ 23,40 % sur trois ans au 12 septembre dernier, source : Quantalys, ndlr). La sélection de valeur repose sur le même processus de sélection que pour nos fonds actions, avec une exposition longue d’environ 70 % sur les actions, 10 % de valeurs en situation dite spéciale, donc décorrélées des marchés, et une position short de 20 % sur l’Eurostoxx 50. Au final, le fonds est exposé entre 40 et 60 % aux marchés actions.
Enfin, nous disposons également du fonds Gay-Lussac Green Impact (FR0010178665), classifié article 9 selon la réglementation SFDR et qui s’est vu confier 50 millions d’euros par le fonds de Place Emergence. Gay-Lussac Green Impact vise à respecter les accords de Paris et n’investit que dans des valeurs dont la part du chiffre d’affaires en activité écoresponsable est supérieure à 20 %, idéalement 50 %. Aussi, les valeurs dont plus de 5 % de l’activité est liée au charbon, au pétrole et aux énergies fossiles ne sont pas éligibles au portefeuille, avec un objectif à 0 %, d’ici 2025.

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