Le choc des hausses des taux d’intérêt

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En tant qu’acteur sur les marchés financiers, il fallait avoir les nerfs solides ces derniers temps. Depuis mars 2022, les taux d’intérêt directeurs ont été fortement relevés dans les économies développées, et en premier lieu aux Etats-Unis.

Le choc des hausses des taux dintérêt 01Il faut remonter jusqu’aux années 1980 pour trouver un resserrement aussi rapide et agressif de la politique monétaire. Les rendements des obligations d’Etat aux Etats-Unis présentent désormais une forme inversée de la courbe des taux. Cela signifie que les taux d’intérêt à long terme ont un rendement nominal nettement inférieur à celui des titres du même débiteur avec une échéance plus courte. Cette image est souvent citée comme le signe avant-coureur d’une récession. Le graphique ci-dessous montre qu’aux Etats-Unis, depuis 1980, toutes les récessions ont, en effet, été précédées d’une phase d’inversion de la courbe des taux.

Actions : des indices en hausse
Regardons de plus près ce que nous pensons des perspectives actuelles des actions : sur les valorisations, nous constatons que les actions ont perdu leur avantage de longue date par rapport aux placements à revenu fixe. Un soutien important disparaît donc. En comparaison historique, les rapports cours/bénéfices des indices boursiers des deux côtés de l’Atlantique se situent dans la fourchette des moyennes à long terme, on ne peut donc pas dire que les cours soient actuellement déraisonnablement élevés. Toutefois, cette mesure tombe typiquement en dessous de sa moyenne à long terme en période de récession. Il se peut donc que l’espoir l’emporte encore sur la réalité sur les marchés des actions. C’est également ce que l’on peut dire de la hausse continue des coûts de financement pour les entreprises. Tant aux Etats-Unis que dans la zone euro, les enquêtes menées auprès des banques commerciales montrent qu’elles ont encore durci les conditions de crédit vis-à-vis de leurs clients. Même si les banques centrales cessent de relever leurs taux directeurs, le coût des financements continuera donc d’augmenter. Une particularité (temporaire) du cycle actuel peut expliquer pourquoi les cours des actions n’ont généralement pas corrigé plus fortement. En période de hausse des taux d’inflation, les entreprises de certains secteurs ont manifestement réussi à augmenter leurs marges. Cela peut expliquer pourquoi les résultats des entreprises au premier trimestre 2023 ont, dans la plupart des cas, dépassé les attentes des analystes.

Le choc des hausses des taux dintérêt 02Des opportunités d’investissement
Nous recommandons donc une attitude prudente à court terme vis-à-vis de la classe d’actifs des actions. Mais même si la volatilité et la baisse des cours des actions devaient dominer les événements au cours des prochaines semaines, les investisseurs orientés vers le long terme voient déjà la lumière poindre à l’horizon. A nos yeux, le choc des taux d’intérêt provoqué par le resserrement rapide et inattendu de la politique monétaire est derrière nous. Les cours des actions doivent encore s’habituer à la réalité d’une légère récession. Mais nous savons, grâce aux cycles précédents, que les cours des actions trouvent un plancher environ sept à neuf mois avant le point bas du cycle économique. Nous pensons que l’économie américaine reprendra de la vigueur au premier semestre 2024 et que le second semestre 2023 devrait, selon notre scénario, offrir des opportunités d’investissement sur les marchés actions.

Marc Brütsch
chef économiste chez Swiss Life Asset Managers

 

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