Le 30 décembre dernier, la commission des sanctions de l’AMF a pro-noncé à l’encontre de la société H2O AM et de ses dirigeants, Bruno Crastes et Vincent Chailley (respectivement directeur général et directeur des investissements à l’époque des faits), des sanctions pécuniaires de respectivement 75 millions d’euros, 15 millions et 3 millions. Bruno Crastes s’est également vu infliger une interdiction d’exercer l’activité de gérant pendant une durée de cinq années, directement ou par délégation, ou de diriger une des entités mentionnées aux 7°, 7 bis et 7° ter du II de l’article L. 621–9 du Code monétaire et financier; tandis que Vincent Chailley a, quant à lui, reçu un blâme. Le collège de l’AMF avait notifié aux mis en cause des griefs en lien avec les investissements réalisés par H2O AM pour le compte de sept fonds de droit français (Adagio, Allegro, Moderato, Multibonds, Multiequities, Multistrategies et Vivace) dans des instruments financiers émis par des sociétés du groupe Tennor, soit directement, soit dans le cadre d’opérations consistant en un achat immédiat couplé à une vente à terme de titres, à une date et un prix convenus d’avance (opérations dites de buy & sell-back). La commission a retenu dans sa décision l’ensemble des griefs notifiés.
Suite à la parution de cette décision, H2O AM indiquait « contester vigoureusement »la décision et son intention de déposer un recours devant le conseil d’Etat. Elle a, par ailleurs, annoncé avoir adapté son organisation. La société considère en effet les sanctions comme « démesurées et complètement inédites », « au regard d’un dossier portant sur trois griefs essentiellement techniques sur le non-respect des règles d’investissement, dont deux d’entre eux sont contestés par H2O AM; en l’absence de toute erreur intentionnelle commise par H2O AM, Bruno Crastes et Vincent Chailley ». Dans l’attente de la procédure à venir, H2O AM indique que:-le fonds H2O MultiBonds, géré par Bruno Crastes, est désormais placé sous la coresponsabilité de Thomas Delabre et Philippine Watteaux, tandis que Bruno Crastes reste au sein de la société en tant que directeur de la stratégie corporate et marchés;-Loïc Guilloux, jusqu’ici Co-CEO du groupe, est nommé CEO d’H2O AM.
La société précise, par ailleurs, qu’elle a renforcé ses organes de gouvernance, notamment avec la constitution d’un conseil de surveillance composé majoritairement de membres indépendants.
H2O AM indique également avoir constitué des réserves au bénéfice de ses clients investis dans des fonds cantonnés. Elle rappelle aussi s’être déjà engagée à ne plus investir dans des titres privés.