- > Article paru dans le magazine n°: 834
Avec le déconfinement, un nouveau monde économique s’offre à nous. D’un point de vue conjoncturel, il est désormais clair que les incertitudes seront amenées à perdurer durablement dans l’ère post-crise Covid-19. Structurellement, les populations sont de plus en plus vieillissantes, tandis que les Etats sont de moins en moins enclins à financer les régimes de retraite. Parallèlement, dans un monde de taux durablement bas, les rendements obligataires s’érodent. Tous ces éléments militent pour des approches de gestion capables de suppléer à la baisse de revenus, à l’image des stratégies de dividendes durables. Explications.
La baisse des dividendes a fait couler beaucoup d’encre au cours des derniers mois. Rappelons donc qu’une majorité d’entreprises continuent à verser des dividendes à leurs actionnaires et que bon nombre d’entre elles les ont même augmentés en 2020.
En Europe et au Royaume-Uni, où les baisses ont été les plus fréquentes, près de la moitié des entreprises ont versé des dividendes en hausse en 2020.
→ Différences géographiques
Une tendance claire a émergé : les entreprises les plus sensibles à l’activité économique et qui ont les niveaux d’endettement les plus élevés sont les plus enclines à réduire leurs dividendes pour survivre. A l’opposé, les entreprises fondées sur les modèles économiques les plus défensifs, avec des bilans plus solides, présentent un risque nettement moins élevé de baisse des dividendes, tant dans le contexte de crise actuelle que dans des conditions de marché plus ordinaires.
Une tendance géographique se dégage par ailleurs : les entreprises européennes et britanniques distribuent, en règle générale, une part plus importante de leurs bénéfices que les entreprises des autres zones, de sorte que la préservation de leurs dividendes est moins certaine face à une contraction des bénéfices. Nous avons également constaté une propension accrue des entreprises offrant un rendement élevé à couper leur dividende. En effet, les événements récents ont mis en exergue un constat clair : les entreprises affichant les dividendes les plus élevés ne produisent pas toujours les meilleures performances à long terme pour les investisseurs.
→ Rendements attractifs
Le rendement historique des actions internationales, désormais impactées par les baisses de dividendes mentionnées précédemment, reste en ligne ou légèrement en dessous de la moyenne à long terme. L’attractivité des actions pour les investisseurs en quête de rendement est plus évidente. Les banques centrales ont répondu aux défis économiques posés par le coronavirus en sabrant leurs taux d’intérêt et, dans certains cas, en reprenant leurs programmes d’assouplissement quantitatif. Cela a entraîné une baisse du rendement sur les emprunts d’Etat et sur les obligations d’entreprises les mieux notées (Investment Grade) à des niveaux historiquement bas. Et si les rendements des obligations de moindre qualité sont parfois plus élevés, c’est souvent parce que leur solvabilité présente des risques plus importants.
→ Les évolutions en matière de dépenses publiques pourraient favoriser les entreprises à rendements durables
Avec l’explosion des déficits budgétaires résultant de vastes plans de relance, les gouvernements devront réévaluer leurs priorités en matière de dépenses et la nécessité de réduire les coûts liés aux retraites pourrait devenir encore plus inéluctable. Si les particuliers sont amenés à épargner davantage pour leur retraite, quels types de choix d’investissement feront-ils ? Un portefeuille diversifié composé d’entreprises qui versent des dividendes durables pourrait s’avérer une bonne solution. Et pour cause, les dividendes peuvent être utilisés soit comme source de revenus pour les retraités ou soit être réinvestis pour les personnes en activité, encore en phase d’« accumulation » de leur épargne. De plus, la croissance du capital et des revenus pourrait s’avérer nécessaire pour soutenir les périodes de retraite allongées en raison du vieillissement des populations – un argument de plus qui nourrit l’idée que les dividendes peuvent constituer des sources de revenus structurels.
Christophe Fernandes, directeur commercial relations partenaires France chez Fidelity International
Achevé de rédiger le 8 juillet