Fondée en 2006 par Lydie Rodriguez et Stéphane Nakache, Elyade, administrateur de biens et spécialiste de l’immobilier neuf, déploie de nombreux services pour accompagner l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur immobilière. Face à la contrainte du manque d’offres dans le neuf et à celle d’un cadre réglementaire de plus en plus contraignant pour les investisseurs, le groupe met aujourd’hui l’accent sur la rénovation du parc existant. Une démarche en accord avec le plan de sobriété énergétique annoncé par le gouvernement.
Investissement Conseils : Quel est le champ d’action d’Elyade depuis sa création ?
Lydie Rodriguez : Nos services s’adressent à l’ensemble des acteurs de l’immobilier neuf : les promoteurs, les réseaux de vente, les CGP, les propriétaires investisseurs, les locataires, les vendeurs et les acheteurs. Pour les promoteurs, nous réalisons des études de marché pour les réseaux de commercialisation et nous participons régulièrement au sourcing d’opérations de promotion immobilière en nous appuyant sur l’expertise de nos équipes de développement foncier. Nous effectuons également des études de charge et nous mettons en livraison des immeubles neufs, partout en France. Nous proposons aux CGP des services d’accompagnement et des garanties pour sécuriser le revenu essentiel au paiement des échéances de prêt de leurs investisseurs. En tant qu’acteur du neuf depuis dix-sept ans, nous sommes au fait de tous les dispositifs d’incitation fiscaux à la propriété. Sur le segment BtoC, nous proposons des services de location et de gestion, nous sommes syndic de copropriété et nous opérons des transactions sur le marché de l’après-vente et des opérations en Vefa. Pour compléter cette large palette d’activités, nous nous positionnons désormais sur le marché de la réhabilitation.
Donnez-nous votre vision du marché de l’immobilier neuf aujourd’hui…
Nous sommes confrontés à un contexte de marché qui se tend à tous les niveaux et pour toutes les parties prenantes – particuliers et professionnels – du secteur. Les incertitudes économiques et géopolitiques, l’augmentation des coûts de construction de 15 à 20 %, les difficultés à obtenir un prêt immobilier, la diminution du nombre de permis accordés liée à la contrainte des maires de densifier les centres urbains pour respecter la zéro artificialisation nette des sols, mais aussi l’annonce de la fin programmée du dispositif Pinel et le déficit d’offres qui font grimper les prix de l’immobilier à des niveaux inédits sont autant de facteurs de déstabilisation du marché. La dynamique qui permettait à des logements d’être construits par des promoteurs pour offrir des logements répondant aux exigences environnementales et énergétiques est enrayée par toutes ces difficultés.
S’y ajoute la difficulté à obtenir des financements, de manière de plus en plus intense. La construction de logements neufs et la réhabilitation de logements anciens doivent donc être menées concomitamment. L’une ne peut plus – et ne doit pas – se faire au détriment de l’autre. Aujourd’hui pour pallier la pénurie de logements neufs, Elyade accélère la détection d’opérations de réhabilitation dédiées à l’accession et à l’investissement, et nous intensifions la réhabilitation et la rénovation du parc ancien et intermédiaire afin de disposer de logements de qualité dédiés à la location.
Que pensez-vous de la fin programmée du Pinel ?
Le rabotage du dispositif Pinel prévu par la loi de finances en cours de préparation envoie un signal négatif aux investisseurs. Si quelques chanceux pourront profiter, d’ici la fin de l’année, des lots restants en Pinel, dès la rentrée, le marché sera une nouvelle fois contraint et exposé à une hausse des prix immobiliers, y compris sur le marché locatif.
Quel est votre positionnement sur le marché ?
Notre ambition est de faire en sorte que l’ancien puisse devenir le renouveau de demain, c’est-à-dire qu’il puisse recouvrer des caractéristiques qui l’amènent à être considéré comme du neuf. Quand la réglementation s’accumule, elle ne protège plus, elle contraint. C’est le constat que nous en faisons. Le permis de louer en est un bel exemple. Si initialement il s’agissait de lutter contre l’habitat indigne, on se retrouve avec une charge administrative supplémentaire pour les services municipaux parfois facturée à l’investisseur. S’ajoute à cela la loi climat et résilience adoptée en 2021, qui modifie profondément l’immo-bilier résidentiel avec des logements interdits à la location dès le 1er janvier 2023. Nos équipes veillent et organisent la rénovation du parc pour permettre à la fois aux bailleurs de réaliser et de financer les travaux. Ces deux exemples illustrent bien qu’être en conformité avec la loi quand on est bailleur devient de plus en plus difficile et qu’il faut les accompagner. Cela, nous l’avons compris et anticipé : nous sommes en mesure de rassurer et d’apporter des réponses.
Comment réagissez-vous face à ce cumul de contraintes sans précédent ?
D’abord, Elyade accompagne les clients qu’elle a en portefeuille sur le marché de la rénovation énergétique. Ensuite, il faut continuer à avancer et trouver des solutions. Nous sommes habitués à avoir des effets d’annonce de la part du gouvernement, et des décrets peuvent encore paraître pour confirmer ou infirmer une loi. Le marché du neuf a besoin d’un immobilier de qualité et d’une offre de logement qui affiche une empreinte carbone maîtrisée. Chaque année en France, nous devons loger des millions de Français dans des logements neufs ou anciens dans de bonnes conditions. Je ne cite qu’un chiffre pour illustrer mes propos : la France compte trois millions d’étudiants. Pour répondre à cette forte demande de logements à la location, il faut soutenir fiscalement et financièrement les investisseurs, et faciliter ainsi la circulation des biens.
Que pensez-vous du marché de la location meublée ?
Si le marché crée des contraintes, il offre aussi des opportunités. La location meublée non professionnelle (LMNP) en est une. Elle permet aux investisseurs de se constituer des revenus locatifs durables détaxés grâce au jeu de l’amortissement de l’immobilier et du mobilier. Elyade met à disposition des conseillers patrimoniaux un service d’ameublement des logements, des solutions packagées avec trois niveaux de gammes et des solutions de financement à trente-six mois, son service de location et de gestion. Cette solution est accessible partout en France, à tarifs négociés et évite tout déplacement. Elle répond à la problématique des investisseurs qui ont besoin de continuer à dynamiser leur patrimoine, l’entretenir et l’améliorer, tout en répondant au besoin de logements étudiants, mais également aux nouveaux modes de vie, tout ceci sans explosion des coûts.
Le contexte actuel impacte-t-il votre capacité à sourcer des biens ?
Le foncier est toujours au coeur des préoccupations et les promoteurs le sourcent très bien. Si, à notre échelle, nous pouvons y contribuer, tant mieux, mais notre rôle est de surtout continuer à accompagner les opérations immobilières de nos promoteurs sur le territoire. Nous menons campagne pour permettre à ces partenaires de construire des résidences responsables au travers des services amenés dans les résidences. Notre objectif est de transformer les immeubles en véritables carrefours et lieux de vie, proposant des espaces partagés à des opérateurs extérieurs. Nous travaillons ainsi avec les maires dans les coeurs de ville pour construire des offres comparables aux halles urbaines abritant aussi bien des commerces de bouche, des services médicaux et de l’habitation. Nous avons la volonté de placer l’humain au coeur des résidences. Ce dialogue avec les communes nous aide à comprendre les besoins d’un quartier et de ses habitants, tout en respectant les contraintes du PLU. Nos résidences étudiantes, par exemple, sont conçues pour intégrer le maximum de services, loisirs et lieux de détente entre ses murs, auxquels s’ajoutent des espaces verts. Chacune de ces résidences offre une signature d’architecte et a une histoire à raconter. Elles s’intègrent dans leur environnement et ont vocation à rester pérennes.
Un mot sur votre stratégie digitale ?
Nous avions entamé la digitalisation de nos activités il y a plusieurs années. Les années que nous venons de vivre n’ont fait qu’amplifier l’utilisation d’outils déjà en place, tels que les logiciels de visite à distance. La simplification du parcours client est au coeur de nos réflexions. La digitalisation de chaque étape, de la constitution du dossier des locataires jusqu’à la signature électronique, apporte de la sérénité aux bailleurs. Nous continuons cette dynamique que nous appliquons en interne via des programmes de planification des rendez-vous, une prise de contact facilitée avec nos conseillers et l’utilisation régulière de la vidéoconférence. Dans notre activité de syndic, nous proposons les assemblées générales à distance.
Nous continuons à innover pour poursuivre cette trajectoire. Demain, il sera ainsi possible de louer un appartement de façon totalement dématérialisée. Reste à faire évoluer les mentalités pour lever les freins culturels qui ralentissent la digitalisation de nos métiers. Un challenge de plus !
Elyade en chiffres
-Chiffre d’affaires consolidé au 31 mars : 13,5 millions d’euros.
-Progression annuelle : +15 %.-167 collaborateurs.-Lots gérés : 25 000.
-Locations réalisées : 3 000 par an.
-Transactions conclues : + 44 % depuis 2021.
-Etudes de marché menées pour des promoteurs et des réseaux de vente (résidences étudiantes, mixtes, seniors, locaux d’activités et professionnels, immobilier de bureaux) : 120 par an.