En juin dernier, 123 Investment Managers lançait une nouvelle société de gestion, Pams, spécialisée sur la multigestion, devenue à cette occasion l’entité du groupe dédiée à la gestion de solutions d’investissement à destination de ses partenaires CGP et banques privées. Explications avec Xavier Anthonioz, président d’123 Investment Managers, société ayant investi plus de 4,5 milliards d’euros depuis sa création en 2001.
Investissement Conseils : Pour quelles raisons avez-vous décidé de lancer Pams, l’été dernier ?
Xavier Anthonioz : La première raison a été notre volonté de créer une structure de distribution dédiée exclusivement au marché des intermédiaires financiers et de la clientèle privée. Cette structure est capable de distribuer à la fois des fonds gérés en direct par 123 Investment Managers (fonds thématiques sur les secteurs de la transition énergétique, la santé et le tourisme) et proposés à ses investisseurs institutionnels, ainsi que des fonds gérés par des sociétés de gestion externes sélectionnés par les gérants de Pams. Avec le temps, nous avons élargi, au sein du groupe 123 IM, notre offre de solutions d’investissement, mais également notre typologie de clients, passant d’un modèle par lequel nous nous adressions uniquement à des investisseurs privés à un modèle où nous adressions également les investisseurs institutionnels. Il était important pour nous de clarifier le rôle de chaque structure au sein du groupe et cette nouvelle organisation permet d’apporter davantage de visibilité : 123 Investment Managers sera l’entité de Private Equity institutionnelle et Pams la plate-forme de distribution dédiée aux clients privés. A leurs côtés, nous avons également une société de gestion immobilière institutionnelle, Pierres Responsables, et une plate-forme de financement participatif, Lendosphère. La seconde raison qui nous tenait à cœur était de se repositionner comme une référence sur la multigestion. En effet, se repositionner car il est important de se rappeler que, depuis la naissance du groupe 123 IM en 2001, nous avons toujours eu à cœur de démocratiser le Private Equity auprès de la clientèle patrimoniale, en leur offrant une gamme complète de solutions d’investissement. Peu s’en souviennent, mais nous avions d’ailleurs lancé le premier fonds de fonds agréé par l’Autorité des marchés financiers, 123 Explorer, en 2001.
Puis quelques années plus tard, nous avions lancé les premiers feeders de fonds institutionnels pour une clientèle plus sophistiquée. La multigestion a toujours fait partie de notre ADN : chaque année, nous lancions un à deux nouveaux feeders sur d’autres classes d’actifs, d’autres zones géographiques qui venaient compléter nos fonds maisons gérés en direct dans des PME françaises. Après la crise sanitaire, l’appétit des investisseurs pour le non-coté s’est accru, ce qui a conduit à l’émergence de nouveaux acteurs, de nouvelles plates-formes ou de sociétés de gestion, proposant une offre de feeders et de fonds de fonds. En tant qu’acteur historique de ce marché, nous avons donc décidé de renforcer notre savoir-faire afin de répondre à l’attente de nos partenaires, notamment en faisant l’acquisition récente de Fondinvest Capital, un acteur historique de la multigestion pour les investisseurs institutionnels. Ainsi, nous nous positionnons comme le tiers de confiance des CGP, notre canal de distribution historique, pour la distribution et la gestion de fonds de fonds, feeders, fonds dédiés et mandats de gestion.
Quel dispositif proposez-vous aux cabinets de conseil en gestion de patrimoine ?
La création de Pams nous a demandés deux années de travail. Deux années de création, car notre offre repose sur une plateforme technologique nous permettant de gérer simplement toutes les particularités d’un fonds de Private Equity et d’assurer un service client et partenaire de haut niveau. Cet outil a été totalement développé en interne afin de ne pas être dépendant d’un prestataire externe et de pouvoir le faire évoluer en fonction des besoins de nos partenaires. Il propose également un outil de sélection des produits et de construction de portefeuille. Côté produit, nous n’avions pas attendu le lancement effectif de Pams pour proposer une offre de multigestion. Ces dix-huit derniers mois, nous avions déjà lancé un fonds de fonds, le FCPR Multi Stratégie 1, qui a collecté 60 millions d’euros, ainsi que différents feeders avec Astorg, Five Arrows, Neuberger Berman, Apax ou Ardian. Au total, Pams compte d’ores et déjà 200 millions d’euros d’encours et nous espérons atteindre les 300 millions d’euros, d’ici la fin de l’année.
Et vous venez de lancer récemment trois nouveaux fonds…
Tout à fait. Nous avons lancé le deuxième millésime de notre fonds de fonds, le FCPR Multi Stratégies 2. Il s’agit d’un fonds de fonds diversifié accessible à partir de 5 000 euros et disponible via l’assurance-vie auprès de la plupart des assureurs français travaillant avec les CGPI. Ce fonds se veut défensif avec une allocation cible de 50 % de solutions de Private Equity, 20 % de dette privée, 20 % d’infrastructures et 10 % d’immobilier, et une diversification sur plus d’une dizaine de gérants français, européens et internationaux. Ce produit simple, avec un seul appel de fonds, vise un rendement net cible de 9 % par an. Il s’adresse à une clientèle large et se veut être un produit de campagne se positionnant comme la poche défensive d’un portefeuille de Private Equity. Pour la clientèle plus haut de gamme, nous avons créé le FPCI Pams Co-Invest Opportunités II, un fonds de co-investissement qui investira en direct dans des entreprises aux côtés de fonds d’investissement de premier plan sur des opérations de capital-développement et de LBO. Dans ce cadre, nous avons signé un partenariat avec Mircap Partners qui nous conseille dans la sélection des opérations. Il s’agit ici d’un fonds plus Equity et qui va être investi en direct dans des entreprises, donc potentiellement plus performant. Le co-investissement a pour avantage de s’appuyer sur des partenaires de renom et de déployer le capital plus rapidement que sur une stratégie primaire. Ce fonds est accessible à partir de 100 000 euros, avec des appels de fonds successifs. Le troisième fonds est le FPS Pams PE Carlyle Access Fund 2024. Il s’agit d’un fonds qui permet d’accéder, pour la première fois en France, aux savoir-faire de Carlyle et Alpinvest, deux sociétés de gestion du groupe Carlyle, spécialisées respectivement dans le Private Equity et le marché secondaire. Ce fonds sera positionné sur deux fonds sous-jacents, Carlyle Europe Partners VI, à hauteur de 75 %, et Alpinvest Atom Fund II, pour 25 %. Le fonds vise principalement des investissements en France et dans les autres pays de l’Union européenne. Mais nous ne nous arrêterons pas là, car nous allons régulièrement sélectionner de nouvelles stratégies afin de permettre à nos partenaires de construire des portefeuilles d’actifs non cotés diversifiés selon les opportunités de marché et les besoins des clients finaux. Un fonds de dette privée devrait prochainement être proposé.
Quelles sont vos ambitions pour Pams ?
Alors que nous devrions finir l’année avec 300 millions d’euros d’actifs sous gestion, nous espérons rapidement atteindre le milliard d’euros d’encours, par croissance organique et, selon les opportunités, par croissance externe. En effet, avec la multiplication récente des acteurs s’étant positionné sur le marché des actifs privés, la consolidation du marché pourrait intervenir rapidement. La démocratisation du marché n’en est qu’à ses débuts : les conseillers en gestion de patrimoine qui se sont mis à proposer du non-coté à leurs clients ne représentent encore qu’une minorité des cabinets.