Peqan, tel est le nom de cette société de gestion qui propose de démocratiser l’accès au Private Equity de nature institutionnelle via les conseils en gestion de patrimoine. Jean-Philippe Hecketsweiler, son président-fondateur (ex-JP Morgan et HLD), et Sassan Golshani, son directeur du développement, dévoilent la stratégie de la société et les premières solutions d’investissement proposées à la clientèle des conseils en gestion de patrimoine.
Investissement Conseils : Pourquoi avez-vous lancé Peqan il y a désormais un peu plus d’un an ?
Jean-Philippe Hecketsweiler : Je travaille dans l’univers du Private Equity depuis plus de vingt ans, une classe d’actifs jusqu’ici réservée aux investisseurs institutionnels:banques, compagnies d’assurance, fonds de pension ou encore grandes familles d’investisseurs. Elle représente plusieurs trillions de dollars à l’échelle mondiale (640 milliards d’euros levés l’an passé par quinze mille sociétés), et n’est accessible que pour des tickets de plusieurs millions, voire dizaines de millions d’euros. Or j’ai la conviction qu’elle va prendre davantage de place dans l’épargne des Français – moins de 1 % actuellement, contre plus de 10 % chez les épargnants d’outre-Atlantique –, car elle leur permet d’être exposés à la performance d’un type d’entreprise différent de celui des sociétés cotées. Pour cela, il convenait de créer un acteur dédié à cette classe d’actifs, tant sur le plan de la souscription, en réduisant le seuil d’accès via la mutualisation des souscripteurs et en digitalisant les parcours, qu’en matière de sélection des sous-jacents.
Sassan Golshani : La sélection des opportunités d’investissement est fondamentale. Quand on connaît la dispersion des performances dans le capital-investissement, mieux vaut être investi dans le premier quartile pour obtenir une performance à deux chiffres. Chez Peqan, nous disposons de cette expertise.
Comment distribuez-vous vos solutions ?
J.-P. H. : Pour atteindre l’épargnant français, nous collaborons avec des partenaires conseils en gestion de patrimoine et banques privées car ce sont eux qui connaissent le mieux le client final et qui sauront quelle place réserver au Private Equity dans le cadre d’une allocation globale d’actifs. Si nous sommes encore dans une phase d’évangélisation de la profession et des clients finaux, il existe un réel appétit du marché pour la classe d’actifs. S. G.:Pour faciliter cela, il était indispensable de créer notre propre plate-forme digitale. Cela nous permet de gérer les centaines de souscriptions que nous recevons, de sécuriser la proposition d’investissement d’un point de vue réglementaire, de partager avec les investisseurs la vie des fonds, de fluidifier les relations avec le dépositaire… De son côté, le conseiller est totalement autonome, tant pour la distribution que pour le suivi des fonds. Nous calquons notre mode de fonctionnement à celui du capital-investissement, c’est-à-dire en faisant des appels de fonds successifs grâce à notre plate-forme digitale.
A quels épargnants s’adresse votre offre ?
S. G. : Il s’agit aussi bien d’investisseurs professionnels ou assimilés, dont le minimum de souscription est fixé à 100 000 euros, que d’investisseurs non professionnels, pour qui le seuil d’accès est fixé à 20 000 euros, soit pour simplifier un effort d’épargne d’environ 5 000 euros appelés sur quatre années successives.
Quels produits proposez-vous à la clientèle des CGP ?
J.-P. H. : Depuis notre lancement, trois fonds ont été créés, dont un qui est déjà clos BEX IV, qui a été souscrit à hauteur de 36 millions d’euros. Nous distribuons actuellement:-Peqan Co-Investissement 2022, un fonds diversifié millésimé destiné aux investisseurs professionnels et non-professionnels (à partir de 20 000 euros), permettant d’investir sur quatre ans dans une centaine d’opérations de LBO [Leverage Buy-Out, ndlr]. Les opérations sont réalisées via des fonds de co-investissement, Ardian et LGT, ou des co-investissements directs aux côtés de fonds sélectionnés par notre équipe de gestion. L’actif du fonds est complété à hauteur de 20 % par des investissements secondaires. L’ensemble offre une très forte diversification en termes de taille d’entreprise, de secteur, d’exposition géographique, de millésime et de gérant. Si sa durée est fixée à dix ans, le fonds peut donner lieu à de potentielles distributions au cours de sa vie, puisque les prises de participation durent en moyenne quatre ans et demi;-European Buy-Out Opportunities 2022, un fonds réservé aux investisseurs professionnels (à partir de 100 000 euros) permettant d’investir dans le compartiment européen du fonds Ardian Co-Investissement VI. Ce compartiment permet d’investir sur environ trois ans, sans risque de change significatif, dans une vingtaine d’opérations européennes de LBO sélectionnées par les équipes d’Ardian. Sa durée de vie minimale est de huit années, prorogeable trois fois un an; là aussi des distributions sont anticipées à partir de la cinquième ou sixième année. S. G.:Si jusqu’ici nous avons privilégié des solutions investies sur des opérations de co-investissement en capital-transmission, nous prévoyons d’offrir un accès à d’autres sous-classes d’actifs du Private Equity (venture, growth), mais aussi sur de la dette privée ou des infrastructures. Notre volonté est d’offrir aux CGP une palette de solutions de Private Equity de nature institutionnelle et les aider à construire progressivement un portefeuille diversifié. Dans ce sens, un nouveau fonds devrait être lancé en septembre prochain.