Quelle place pour les valeurs technologiques ?

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Six mois après la folle cavalcade des « Sept Magnifiques » sur les Bourses mondiales, que reste-t-il de la performance des valeurs technologiques dans les portefeuilles ?   

Quelle place pour les vale 01Dans l’ensemble, le dynamisme des valeurs technologiques s’est maintenu depuis le début de l’année par rapport à l’ensemble du marché. Toutefois, si l’on regarde de plus près, les performances sont en réalité contrastées. Tout d’abord, les grandes capitalisations ont nettement surperformé les petites. Au sein de la thématique, les valeurs liées aux semi-conducteurs ont enregistré d’excellentes performances, tout comme les valeurs dans le domaine de l’édition de logiciels et d’Internet se sont bien comportées, tandis que les sous-secteurs du matériel informatique, des équipements de communication et des services informatiques ont davantage déçu.
Au sein même des « Sept Magnifiques », d’importantes divergences ont été constatées : Nvidia et Meta mènent la danse, tandis qu’Apple et Tesla sont à la traîne. Face à cet environnement mouvant, comment envisager cette thématique au sein d’un portefeuille ?

Nvidia : « go ou no go » ?
La multinationale californienne détient actuellement plus de 80 % du marché mondial des puces d’intelligence artificielle (IA), une position qui a fait grimper sa capitalisation boursière de plus de 40 % depuis le début de l’année, à plus de 3 milliards de dollars (données au 6 juin 2024), après avoir plus que triplé en 2023.
Bien que les résultats annoncés fin mai aient été supérieurs aux attentes et que la direction ait maintenu son ton optimiste, l’effet de surprise n’a pas été aussi fort que lors des trimestres précédents.
L’année dernière, les résultats trimestriels de Nvidia en termes de chiffre d’affaires avaient alors dépassé les attentes du consensus d’environ 20 %. En janvier, cet écart s’établissait à environ 10 % et à 5–6 % sur les derniers résultats.
L’entreprise a augmenté ses revenus d’environ 4 milliards de dollars par trimestre, ce qui représente une forte dynamique. Toutefois, ce résultat ne répond pas aux attentes très élevées du marché, en particulier si l’on considère que les contraintes de production, notamment autour de l’emballage avancé, se sont considérablement allégées, permettant ainsi à Nvidia d’accélérer sa cadence de production de GPU (Graphics Processing Unit).
Ainsi, la dynamique risque de s’essouffler et le couple rendement-risque de l’action pourrait devenir moins attractif. Nvidia aura de plus en plus de difficulté à dépasser les attentes des investisseurs et il est peu probable que le marché tolère la moindre défaillance dans ses résultats.
Alors que le marché anticipe une poursuite sans heurts du développement à grande échelle des infrastructures de l’intelligence artificielle, plusieurs risques semblent être sous-estimés, en particulier l’ampleur et le rythme d’adoption de l’IA générative. Malgré une baisse rapide des coûts, de nombreux domaines Hyun-Ho Sohn, gérant du fonds FF-Global Technology Fund chez Fidelity International de l’IA présentent encore des coûts d’inférence (inferencing costs) trop élevés pour permettre une adoption massive.
Nous pourrions ainsi observer des ralentissements de l’activité au fil du temps, notamment en raison de l’évolution des offres de puces concurrentes. Les valorisations actuelles impliquent des hypothèses de croissance haussière à long terme, comme le maintien des prix des GPU à un niveau élevé et une concurrence limitée de la part d’AMD et d’Intel, ainsi que le développement en interne de puces « hyperscale ».

L’intelligence artificielle, une valeur sûre ?
Au-delà des effets d’aubaine, la thématique de l’IA générative reste porteuse. Cependant, de nombreuses entreprises de la chaîne de valeur de l’IA sont encore sous-investies. Des segments tels que le conseil en informatique, l’infrastructure de données ou le cloud, qui joueront un rôle clé dans le déploiement à grande échelle de l’IA, ne reçoivent pas encore l’attention qu’ils méritent.
La prudence reste néanmoins de mise. Malgré la baisse rapide des coûts informatiques associés à l’IA, ils demeurent trop élevés pour une adoption massive dans de nombreux domaines. Par exemple, la formation de grands modèles de langage nécessite une infrastructure de centre de données de pointe et consomme des quantités massives d’électricité, ce qui pourrait devenir un goulot d’étranglement. Cette situation est exacerbée par la nature cyclique des dépenses d’investissement:si l’adoption de l’IA générative ralentit, la demande pour les infrastructures d’IA sera encore plus durement touchée. De plus, bien que l’adoption de l’IA générative soit en bonne voie dans les médias numériques, les industries créatives et l’Internet grand public, de nombreux projets dans les grandes entreprises, en particulier dans les secteurs réglementés tels que les services financiers, restent au stade de la « preuve de concept ».

Outre l’IA, d’autres opportunités sont à regarder
Pour le reste de l’année 2024, outre l’IA, de nombreux segments dans le domaine de la technologie nous semblent présenter des perspectives positives.
Les services et les réseaux de paiement sont des technologies essentielles au commerce électronique et à la distribution multicanal. Ainsi, les entreprises à la bonne échelle et disposant d’avantages technologiques devraient pouvoir capitaliser sur les opportunités de croissance à long terme.
Les médias à la demande et la diffusion de musique en continu nous semblent également peu regardés par le marché, malgré les bonnes perspectives de croissance pour les leaders du secteur. Ces derniers devraient être bien positionnés pour profiter de la consolidation qui s’y opère actuellement. Il faut également surveiller les petites et moyennes capitalisations dans l’édition de logiciels compte tenu du regain d’appétit pour les fusions-acquisitions dans ce domaine.
En somme, les valeurs technologiques continueront d’occuper une place stratégique dans les portefeuilles actions pour le reste de l’année 2024, mais avec une approche sélective et prudente. Les segments des semi-conducteurs et des logiciels, notamment les entreprises comme Nvidia, offrent encore des opportunités intéressantes malgré des risques accrus liés à des attentes élevées et à une vive concurrence. Par ailleurs, d’autres secteurs technologiques, tels que les services de paiement et les médias à la demande, présentent également des perspectives de croissance prometteuses.
Il est essentiel pour les investisseurs de diversifier leurs placements et de rester vigilants face aux évolutions rapides du marché de la Tech.

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