Lauréat des Pyramides de la gestion de patrimoine 2022, Otaree déploie une solution logicielle dédiée à l’univers de la commercialisation de l’immobilier neuf. Son ambition : rapprocher les vendeurs, promoteurs et commercialisateurs de biens afin de gagner en rapidité et en efficience économique. Grâce à une levée de fonds de 1,5 million d’euros menée auprès de Capital & Dirigeants Partenaires, l’entreprise aspire à devenir la solution de référence des professionnels du neuf en France, d’ici 2024. Entretien avec Thibault Touchant, cofondateur d’Otaree.
Investissement Conseils : L’histoire d’Otaree a débuté en 2018. Qu’est-ce qui a motivé la création de cette solution ?
Thibault Touchant : Denis Colomb, Sébastien Henrot et moi-même sommes à l’origine de cette aventure. A son poste de PDG d’Optissimmo, Denis Colomb avait constaté que les CGP cherchaient des outils digitaux pouvant faciliter leur travail au quotidien. Afin de pallier ce manque, nous avons créé le groupe Efficimo, détenteur de la marque Otaree qui développe ses propres solutions logicielles à destination des professionnels de l’immobilier neuf. Lancée en octobre 2018, Otaree a recruté cinq développeurs et construit un socle logiciel de qualité, avec des fonctionnalités orientées vers le commerce et reposant sur un modèle économique générateur de performances pour les vendeurs. Nous avons lancé notre première licence en tant qu’éditeur en janvier 2020, juste avant que n’éclate l’épidémie de coronavirus. Notre solution a donc fait l’épreuve des différents confinements, à un moment où les promoteurs ont été contraints de se digitaliser rapidement. Grâce à notre logiciel interconnecté, nous avons donné accès aux vendeurs à leurs stocks de biens à distance, leur permettant de poursuivre leur activité durant la crise.
Après seulement deux ans d’existence, Otaree a été récompensée d’une Pyramide de la gestion de patrimoine en mars dernier. Qu’est-ce qui explique votre success story ?
Nous avons connu deux périodes:d’abord, un lancement très réussi, avec une solution qui a immédiatement rencontré son marché auprès des indépendants. En 2020, nous avons enregistré 840 000 € de chiffre d’affaires, deux cents réservations et cinquante-cinq ventes actées pour cent-soixante-dix clients. Nous avons lancé une deuxième licence Pro pour les CGP, dans une version en marque blanche qui a intéressé les réseaux et cabinets. Cette activité représente aujourd’hui 50 % de notre exercice. Aux indépendants, nous proposons des abonnements mensuels facturés 169 € hors taxes pour un engagement de douze mois, avec un back-office disponible sept jours sur sept et la possibilité d’utiliser nos mandats de ventes avec 100 % de la commission promoteur reversé pour une prestation de service facturée au succès (uniquement sur les ventes actées) 599 € HT. Pour les réseaux, nous avons développé la solution Team leur permettant de faire de notre logiciel leur outil métier totalement personnalisable et sans intermédiation. A fin 2021, nous avons enregistré plus de 6 M€ de chiffre d’affaires, huit cents réservations et acté quatre cents ventes.
Sur quelle stratégie repose votre dernière levée de fonds ?
Le but de cette levée de fonds opérée avec Capital & Dirigeants Partenaires est d’accélérer la croissance d’Otaree, d’accompagner le succès rencontré par notre logiciel et d’avancer sur la partie R&D. Nous travaillons à améliorer les fonctionnalités, et à amplifier la valeur et l’analyse des données. La société connaît également un fort enjeu sur son développement commercial et marketing qui s’est traduit par le recrutement d’une quinzaine de personnes cette année. Nous devions posséder les effectifs et les budgets nécessaires pour devenir leader sur notre marché, en tant que solution préférée des professionnels de l’immobilier neuf en France.
A terme, nous n’excluons pas de réaliser des opérations de croissance externe, en nous rapprochant d’acteurs de notre univers, notamment sur la partie CIF. L’immobilier devient un secteur de plus en plus structuré, soumis à d’importantes exigences réglementaires et de conseil. Nous envisageons de nouer des partenariats ou de procéder à des acquisitions dans le but de créer des synergies avec des acteurs connexes, sur notre cible métier et notre clientèle. En conséquence, nous restons à l’écoute du marché et de ses opportunités.
Quelles sont les promesses de votre solution ?
Celles de digitaliser et d’apporter de la simplicité sur l’ensemble du cycle de vente, de la qualification d’un contact à la recherche du meilleur produit. Notre solution accompagne les vendeurs jusqu’à la vente actée, de manière centralisée et sécurisée. Par ailleurs, nous offrons à nos abonnés la liberté de réaliser leurs ventes par notre intermédiaire ou de continuer à travailler directement avec les promoteurs. La vocation d’Otaree est de proposer des services complémentaires, à travers un logiciel ergonomique et optimisé pour un usage intensif des vendeurs. Ils ont ainsi accès à vingt-cinq mille lots, avec une grande quantité d’informations actualisées, quasiment en temps réel.
Comment travaillez-vous avec les réseaux ?
Nous leur proposons de construire un outil métier qui leur permettra d’aligner leur force commerciale et leur back-office sur l’immobilier. Nous opérons en totale marque blanche afin qu’ils puissent administrer leur catalogue de produits très facilement, intégrer leurs mandats dans leurs stocks, créer des exclusivités ou des allotements. Comme pour les indépendants, les réseaux bénéficient d’un CRM, doublé d’outils de supervision pour gérer automatiquement l’intégralité des fonctions avec une très forte traçabilité des échanges entre les opérateurs. Otaree est le seul logiciel à proposer une telle centralisation des données, reliant la gestion des demandes avec le back-office. C’est un tout-en-un optimal pour améliorer les performances et se concentrer sur une verticale métier plutôt que sur des fonctions support.
Quelle vision portez-vous sur le marché de l’immobilier neuf ?
L’immobilier, qu’il soit neuf ou ancien, reste une valeur refuge, qui plus est depuis la crise. Si le marché de la pierre ne connaît pas de grandes variations et présente un niveau de risques limité, la tension sur les produits à vendre, liée à l’insuffisance de stocks dans le neuf, reste un point de douleur ressenti par toute la profession. Jusqu’à aujourd’hui, les réseaux de CGP devaient se connecter à tous les promoteurs pour procéder au benchmark des produits les plus intéressants pour, finalement, n’en sortir que quelques-uns, faute de temps et d’informations disponibles. En centralisant les données de nos quatre-vingt-dix et quelque promoteurs partenaires, nous rendons ces recherches plus efficaces pour trouver les meilleurs produits.
Comment convaincre les promoteurs de vous rejoindre ?
Il a fallu d’abord lever les réticences de professionnels qui rejetaient l’utilisation de plates-formes agrégeant leurs stocks et capitalisant sur leur valeur, moyennant des commissions de 20 à 30 % prélevées lors du reversement de la commission liée à la vente. Par ailleurs, nous avons dû les convaincre de notre transparence, de la solidité de notre modèle économique, basé sur un principe de récurrence et du nombre d’abonnés, mais également des bénéfices qu’ils peuvent en retirer. Nous nous sommes fixés pour exigence d’obtenir la donnée la plus fiable et à jour possible, leur permettant d’animer leurs relations client. Nous sommes en train de gagner notre pari puisque, petit à petit, de plus en plus de promoteurs nous rejoignent et nous permettent de construire des relations partenariales sérieuses.
Quelles sont les évolutions fonctionnelles de la solution en 2022 ?
Avec une clientèle de CGP, CIF et non-CIF en très forte croissance, nous avons choisi d’accompagner les demandes en fonctionnalités structurantes qui seront livrées dans l’application à partir du deuxième semestre 2022. Il sera ainsi possible de réaliser le bilan patrimonial ou le document d’entrée en relation pour les cabinets qui font de l’immobilier leur activité principale. Nous souhaitons permettre d’assurer une conformité et une qualité de relation commerciale forte sans toutefois aller concurrencer les leaders de l’édition de logiciels dédiés à la gestion de patrimoine, tels qu’Harvest ou Manymore que nous voyons comme de potentiels partenaires, étant donné la qualité de leurs solutions et leur puissance en termes de conseils, notamment sur l’ensemble des produits financiers qui sont hors de notre domaine de compétences. Tout au long de cette année, le CRM connaîtra également un enrichissement fonctionnel très important pour répondre aux attentes formulées par les réseaux que nous accompagnons.
Quels sont vos objectifs à court et moyen terme ?
D’ici à fin 2022, nous prévoyons d’atteindre les deux mille utilisateurs. Nous visons les 10 M€ de chiffre d’affaires et 15 M€, en 2023. Ces objectifs reflètent notre optimisme sur l’avenir, après deux années de crise, la guerre en Ukraine et l’élection présidentielle. Je crois fermement à la logique de cycles, car tout reste à construire dans les années à venir. L’immobilier neuf doit repartir, et à défaut d’être un sujet électoral, il s’agit d’un vrai enjeu de société, alors que le manque de logements augmente et que les réglementations environnementales vont obliger les pouvoirs publics à bouger. Nous allons accompagner cette évolution du marché à travers nos choix technologiques, et y contribuer. Nous voulons qu’Otaree soit un éditeur moteur sur la qualité de son logiciel et de ses fonctionnalités, capable d’aider les vendeurs à délivrer les meilleurs conseils et à accroître leur valeur commerciale, ainsi que le pilotage de leurs équipes et de leurs activités.