Des solutions adaptées aux cycles de marché

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Il y a un peu plus de deux ans, Opale Capital, une plate-forme dédiée aux actifs non cotés en architecture ouverte et à destination de la clientèle privée avertie, se lançait sous l’impulsion de Tikehau Capital. Paul Moreno Blosseville et Clarisse Ohana, respectivement président et directrice générale d’Opale Capital, nous présentent leur positionnement ainsi que leurs ambitions de développement.

Des solutions adaptées aux cycles de marchéInvestissement Conseils : En septembre 2022, vous créiez Opale Capital. Pour quelles raisons ?
Paul Moreno Blosseville : Il s’agit d’un projet initié au sein de Tikehau Capital, qui avait la volonté de créer une plate-forme d’investissement dédiée aux actifs non cotés et à destination des particuliers via le recours à des conseillers en investissements financiers. Il s’agissait d’adresser une cible différente de la cible institutionnelle, en s’adaptant aux besoins et contraintes de ces investisseurs. En matière de reporting, par exemple, les particuliers souhaitent des informations concrètes sur leur investissement, tandis que les assureurs, par exemple, ont des exigences liées à la réglementation Solvabilité II. Le service client se distingue également, tout comme le seuil d’accès fixé à 100 000 euros. La gestion d’un grand volume d’investisseurs, particulièrement exigeante en termes de temps, nous a conduits à concevoir une plate-forme technologique propriétaire pour répondre efficacement à leurs besoins. Nous voulions créer une structure en architecture ouverte, avec une forte sélectivité des fonds pour ne proposer que des « pépites » du capital-investissement et de dette privée, sélectivité nécessaire car il existe une forte dispersion des performances entre les fonds. Cette sélection repose, à la fois, sur une analyse quantitative, qualitative et macroéconomique. Nous nous engageons à proposer des solutions de qualité, alors qu’un vaste univers de solution s’ouvre aux particuliers et que le marché a besoin d’être équipé. Seul 0,1 % du patrimoine des Français est investi dans des actifs privés ! Par ailleurs, cette sélectivité est d’autant plus importante que le cycle économique a changé. Après quarante années porteuses pour l’environnement financier (baisse de l’inflation, baisse des taux, assouplissements monétaires), le cycle redevient inflationniste et les taux d’intérêt plus élevés. Conséquence : les fonds les plus performants d’hier, ne sont pas forcément les meilleurs aujourd’hui. Aujourd’hui, Opale Capital, c’est une équipe d’une douzaine de personnes avec quatre pôles : un sur notre outil technologique, la distribution, les opérations et la sélection de fonds. Bien sûr, nous nous appuyons sur le groupe Tikehau, notamment notre comité stratégique de quatorze membres qui dispose d’une vue éclairée à la fois sur les actifs cotés et non cotés au niveau mondial.

Concrètement, que proposez-vous à la clientèle des cabinets de conseil en gestion de patrimoine ?
Clarisse Ohana : Il peut s’agir de fonds mono-produit sur un gérant ou de portefeuilles de fonds. Nous privilégierons les fonds monosupport, dès lors que nous mettons en œuvre une stratégie offensive et de conviction, la concentration étant créatrice de performance, et sous réserve de dénicher le bon gérant. Nous opterons pour la multigestion dès lors que les bénéfices de la diversification seront évidents pour les investisseurs. Notre volonté est de proposer les bonnes stratégies en fonction des cycles. Par exemple, nous estimons que l’environnement actuel est porteur pour les fonds de capital-investissement sur les petites et moyennes sociétés ; ce secteur requiert davantage d’expertise technique que d’ingénierie financière pour performer. De même, les fonds de secondaire sont pertinents en raison des besoins de liquidité actuels des investisseurs institutionnels. Autre exemple, le co-investissement est actuellement une solution attractive car les levées de fonds sont plus longues, or les gérants ont besoin d’investir pour prouver la qualité de leur stratégie et attirer de nouveaux investisseurs. Un fonds de co-investissement vient donc saisir cette opportunité de se positionner de façon minoritaire aux côtés d’un acteur spécialisé. A nous de bien sélectionner les fonds les plus agiles sur ces différentes thématiques. L’objectif de notre offre est de permettre aux conseillers en gestion de patrimoine de construire, dans le temps, des portefeuilles diversifiés. Ceux-ci sont conçus pour traverser différents contextes économiques, tout en répondant à l’appétit pour le risque propre à chaque client.

Quelles solutions distribuez-vous actuellement ?
P. M. B. : Quatre fonds sont aujourd’hui en cours de commercialisation. Il s’agit de :
- Opale Capital Stratégies Secondaires, un fonds de secondaire qui investit dans différents gérants : Goldman Sachs Asset Management, AlpInvest, HarbourVest Partners et LGT Capital Partners ;
- Opale Capital Stratégies Crédits Tactiques, un fonds de dette privée d’opportunités spéciales, qui vient financer des entreprises complexes et que les banques accompagnent de moins en moins pour des raisons réglementaires. Il repose sur trois fonds gérés par Morgan Stanley Investment Management, Tikehau Capital et KKR ;
- Opale Capital Stratégies Growth Buyout, qui investit sur quatre secteurs vecteurs de croissance portés par des tendances de fond très puissantes (la santé, les logiciels SaaS, la cybersécurité et la décarbonation) via cinq gérants : Webster, GHO, Marlin Equity Partners, Tikehau Capital et Oaktree Capital Management. Cette approche permet d’accompagner des sociétés de taille petite et moyenne, en forte croissance ;
- et Opale Capital Strategies Co-Investment, un fonds de fonds de co-investissement, très diversifié (environ deux-cent-cinquante sous-jacents en cible), avec AlpInvest, Lexington Partners et LGT Capital Partners. Tous ces fonds sont investis en Europe et en Amérique du Nord. Parfois, ils peuvent contenir une poche d’actifs basés en Asie ou en Australie. D’ici quelques semaines, nous visons à lancer un nouveau fonds de dette privée.

Allez-vous vous adresser à une clientèle plus large ?
C. O. : Si nous trouvons le bon format de fonds, nous ne nous interdirons pas de le faire. Dans tous les cas, nous avons une approche prudente et mesurée. Les fonds Evergreen connaissent actuellement un beau succès commercial, mais nous nous posons la question de leur liquidité : est-elle réelle ou s’évanouira-t-elle dès lors que les investisseurs en auront besoin ? Nous sommes attentifs à ce format, mais nous placerons toujours la qualité de la gestion au centre de nos exigences.

Pourquoi vos confrères du non-coté s’adressent-ils à vous ?
C. O. : Nous leur permettons d’élargir leur base d’investisseurs, alors que les institutionnels ont atteint leur ratio d’investissement dans le Private Equity, tout en leur permettant d’éviter de gérer les souscriptions de milliers d’investisseurs particuliers. Opale Capital fait également partie d’un groupe reconnu dans son secteur : Tikehau Capital. (46 milliards d’euros d’encours et 3 milliards d’euros au bilan). Quelques chiffres sur votre activité ?
P. M. B. : A fin octobre, nous avions collecté 170 millions d’euros depuis notre création. Le rythme de souscription s’accélère mois après mois, tandis que notre réseau de partenaires, qui compte actuellement trois cents membres, continue de s’élargir. Nous les accompagnons au quotidien pour mieux appréhender l’univers des actifs non cotés.