Après une pause l_an passé, le groupe présidé par Meyer Azogui vient de signer une nouvelle opération de croissance externe avec l’acquisition du cabinet toulousain Option Patrimoine. Le groupe Cyrus compte bien poursuivre sa marche en avant, alors que le marché se montre encore actif et que la consolidation des acteurs de la gestion de patrimoine pourrait débuter.
Investissement Conseils : Où en est le groupe Cyrus à mi-année 2023 ?
Meyer Azogui : Le groupe Cyrus, qui fêtera bientôt son trente-cinquième anniversaire, a dépassé les dix milliards d’euros d’encours, répartis sur trois activités:le conseil en gestion privée, l’asset management financier et l’asset management immobilier. Cyrus Conseil regroupe les deux tiers de ces actifs. Vient ensuite l’activité d’asset management financier via Amplegest, qui est avant tout une structure de gestion privée avec une activité d’asset management, qui compte 3,5 milliards d’euros d’encours, dont 500 millions d’euros pour la structure de gestion obligataire Octo Asset Management (filiale à 85 % et qui comptait 250 millions d’euros d’encours il y a deux ans). Enfin, l’immobilier via Eternam (800 millions d’euros d’encours) et Altixia REIM (300 millions d’euros d’encours) joue pour 10 % de nos encours. Notre ambition est toujours la même:créer une marque référente dans le domaine de la gestion de fortune.
Notre taille nous permet de développer nos expertises et une offre profonde afin d’offrir le meilleur service à nos clients finaux:ingénierie patrimoniale, gestion d’actifs financiers et immobiliers, création de produits structurés et création de feeder en Private Equity avec de grands acteurs du marché institutionnel. Notre modèle se veut résilient car diversifié, avec la capacité de proposer des solutions d’investissement dédiées, notamment en immobilier avec des emplacements d’exception, mais aussi en Private Equity et produits structurés.
Nous avons récemment segmenté notre clientèle, avec la volonté de monter en gamme, car les coûts et les risques juridiques s’élèvent d’année en année. Une offre « patrimoine »a été créée pour les clients aux actifs inférieurs à 500 000 euros. Ces clients sont suivis par une équipe dédiée, de façon souvent plus digitalisée, et avec une gamme de produits et de services plus resserrée. Entre 500 000 euros, contre 200 000 euros auparavant, et trois millions d’euros se positionne notre département de gestion privée; et au-delà, notre service dédié à la gestion de fortune. Les clients détenant plus d’une cinquantaine de millions d’euros accèdent, quant à eux, à notre offre de family office, dénommée Canopée, qui compte environ un milliard d’euros d’encours administrés (lesquels ne sont pas comptabilisés dans nos 10,5 milliards d’euros d’encours).
Nous comptons trois-cent-cinquante collaborateurs, dont la moitié est actionnaire de la holding. Plus de cent-soixante-dix collaborateurs détiennent 66 % du capital, Allinvest – actionnaire historique d’Amplegest – dispose de 9 % et la participation de BridgePoint, notre actionnaire depuis mars 2020, s’élève à 25 %.
Après une pause l’an passé, vous avez récemment renoué avec la croissance externe, avec l’acquisition du cabinet Option Patrimoine (360 millions d’euros d’encours)…
Tout à fait. Nous avions réalisé huit acquisitions depuis 2020, dont Amplegest, Financière Conseil ou encore Ciméa, ainsi qu’une prise de participation dans Altixia REIM, à hauteur de 51 %. Depuis, nous avons plus que doublé de taille, puisque nos encours s’élevaient à 4,5 milliards d’euros à l’époque. Dès lors, il nous a fallu digérer l’intégration de l’ensemble de ces sociétés.
Nous allons nous concentrer sur des activités de gestion privée car nos structures d’asset management sont aujourd’hui suffisamment développées.
Selon la volonté du dirigeant en place et le projet, cela peut prendre la forme d’un rachat à 100 %, avec intégration au groupe sous la marque Cyrus, ou lorsqu’il s’agit de structure à forte notoriété locale, d’un rachat de structures indépendantes, filiales à 100 % du groupe Cyrus, et qui s’adossent à nos pôles d’expertises et de services. Dans ce second cas, les dirigeants deviennent actionnaires de la holding afin de s’assurer d’un bon alignement des intérêts.
Jusqu’ici, toutes nos opérations ont été un succès. L’adossement au groupe Cyrus permet à ces structures d’accélérer leur croissance, car il leur libère du temps commercial et de conseil, et il leur permet d’accéder à des produits uniques, de recruter des talents… Le marché de la consolidation des acteurs de la gestion de patrimoine demeure très actif, notamment sur les cabinets de qualité ayant un chiffre d’affaires récurrent et une belle clientèle, avec une vingtaine de sociétés actrices de ce mouvement de consolidation. Dès lors, les niveaux de valorisation n’ont pas reculé malgré la hausse des taux d’intérêt.
Pour vos acquisitions, quel type de structure visez-vous ?
A plus de dix milliards d’euros d’encours, la taille critique n’est plus un sujet pour nous. Il s’agit avant tout de rencontres avec des professionnels, avec qui nous partageons un projet de développement et une vision du métier, et non pas l’achat de stocks. Néanmoins, nous privilégions des cabinets d’une taille d’au moins 200 millions d’euros d’encours, même si nous pouvons renforcer des structures locales – notamment en région, à Lille, Nice ou Bordeaux par exemple – via des acquisitions de portefeuilles de taille moins importante.
Nous cherchons également à nous construire une présence dans le Grand Est, comme à Nancy et à Strasbourg, seule région où nous ne sommes pas encore physiquement installés.
Parallèlement, nous restons attentifs au mouvement de consolidation des grands acteurs qui pourrait se produire prochainement, notamment s’agissant des acteurs détenus majoritairement par des fonds d’investissement et dont le contrôle pourrait prochainement changer.
Où en est votre développement en matière de distribution externe ?
Nos structures de production de produits sont avant tout orientées vers la satisfaction de nos clients. Néanmoins, nous nous adressons également à nos confrères conseillers en gestion de patrimoine et family offices, mais aussi les banques privées dont nous sommes proches. L’offre est aujourd’hui portée par chacune des structures – une marque dédiée aux produits structurés devrait prochainement être lancée –, mais nous réfléchissons à créer une marque réunissant l’ensemble des entités.
Si la distribution externe n’est pas notre axe de développement majeur, elle est complémentaire et nous permet de contribuer à avoir les volumes nécessaires pour diffuser des produits de qualité à nos clients. Nos fonds immobiliers peuvent en effet attirer des conseillers en gestion de patrimoine, notre gestion financière également – en particulier notre fonds actions Amplegest Pricing Power et nos fonds obligataires à échéance, Octo Rendement 2025 et Octo Rendement 2028 (cf.dossier pages 28 à 36), tout comme notre capacité à créer des produits structurés chaque semaine, notamment à partir de la recherche d’Amplegest sur les actions.