Fin avril dernier, le groupe Patrimmofi annonçait l’acquisition de Patrimoine & Gestion, lui permettant d’intégrer 500 millions d’euros d’encours et d’asseoir sa présence à Lyon, Dijon et Reims. L’occasion d’aller à la rencontre de Georges Nemes, président-fondateur de Patrimmofi, qui nous présente les détails de cette opération, les ambitions du groupe et sa vision du marché de la gestion de patrimoine.
Investissement Conseils : Pourriez-vous nous présenter votre dernière acquisition, le cabinet Patrimoine & Gestion ?
Georges Nemes : Le rachat du groupe Patrimoine & Gestion est une nouvelle belle opération pour Patrimmofi, un coup de foudre à la fois professionnel et humain. Créée en 1984, cette structure dotée de 500 millions d’euros d’encours (huit cents familles accompagnées) dispose de trois bureaux – Lyon, Dijon et Reims –, qui viennent renforcer nos positions dans ces régions et réalisent une collecte annuelle d’une soixantaine de millions d’euros. Les principaux associés, Arnaud Caron, Benjamin Christ, et Arnaud Lallemand en charge de ces différents bureaux, rejoignent donc le groupe Patrimmofi, en tant que dirigeants-entrepreneurs associés.
Cette opération va permettre à notre groupe de consolider sa présence à Dijon, et d’affirmer son rôle de leader à Lyon et sa région, en étroite collaboration avec les cabinets ICF et CoValeurs.
Depuis sa création, Patrimoine & Gestion s’est spécialisée dans les domaines de la gestion privée et de la gestion de fortune pour une clientèle haut de gamme de dirigeants d’entreprise, notamment en termes de préparation(s) d’opérations de cash out, de gestion du patrimoine du dirigeant post-cession d’entreprise… Leur développement est, comme pour Patrimmofi, basé essentiellement sur la recommandation et l’interprofessionnalité.
Comment sont intégrés la structure et ses associés ?
Comme dans chacune de nos opérations, il s’agit d’une acquisition de 100 % du cabinet. Les cédants réalisent parallèlement leur entrée au capital de la holding du groupe Patrimmofi, ce qui permet un total alignement des intérêts de chacun des associés.
En termes chiffrés, que représente désormais le groupe Patrimmofi ?
Désormais, nos encours sous gestion s’élèvent à plus de 2,2 milliards d’euros et notre collecte annuelle atteint 350 millions d’euros. Nous dépassons les cent collaborateurs (cent-douze personnes exactement, dont soixante-trois conseillers en gestion de patrimoine), avec une douzaine d’associés, aux côtés de Stéphane Peltier, Jérémy Aras, Andera Partners qui nous accompagne depuis bientôt trois ans, et moi-même.
D’autres acquisitions vont-elles intervenir prochainement ?
Nous travaillons sur plusieurs dossiers, lesquels sont à différents stades d’avancement. Depuis toujours, notre stratégie se veut « opportuniste », sans volonté d’être présent aux quatre coins de l’Hexagone. Notre démarche est fondée sur l’humain:il est essentiel pour nous d’avoir un bon feeling avec les femmes et les hommes avec lesquels nous nous associons et souhaitons construire notre groupe. Nous avons l’ambition de grandir, tout en conservant notre ADN. En effet, l’histoire montre que l’accumulation des structures et la poursuite d’objectifs purement financiers ne sont pas toujours payantes. Chez Patrimmofi, nous n’oublions pas que nous n’existons que pour et par nos clients que nous accompagnons sur le long terme. Notre volonté de nous développer vise donc à toujours mieux les servir, et pour cela il convient de doter nos conseillers patrimoniaux des meilleurs outils et des meilleurs produits pour mener à bien leur mission de conseil.
Quel regard portez-vous sur le marché des cessions de cabinets ?
Ce marché est agité depuis plusieurs années, avec une augmentation continue du nombre de cessions et du prix des transactions, mais aussi l’émergence de modèles différents. Nous assistons à la fois à des regroupements de grosses structures, telles Cyrus et Herez, Crystal qui vient d’acquérir Opti Finance et Primonial Ingénierie et Développement, mais aussi à l’arrivée de nouveaux acteurs.
Par ailleurs, l’entrée de Goldman Sachs au capital du groupe Crystal signe une évolution notable pour notre profession : c’est la première fois qu’un acteur international de cette dimension s’intéresse au secteur français de la gestion de patrimoine indépendante.
Pourriez-vous vous associer à un autre acteur de la consolidation du marché ?
Ce n’est pas d’actualité, mais pourquoi pas ! Tout dépendra des femmes, des hommes et des projets, comme toujours, serai-je tenté de dire.
Quels sont vos objectifs à moyen-long terme ?
Notre ambition est d’être un acteur majeur de la gestion de patrimoine indépendante en France. En termes chiffrés, nous visons désormais les trois milliards d’euros d’encours d’ici la fin de l’année prochaine, en renforçant notre équipe soudée.
Quel est le sentiment de vos clients dans le contexte actuel ?
Le marché de l’immobilier a vécu une crise sérieuse, la première depuis de longues années. Les clients se sont subitement aperçus que l’immobilier, en particulier la pierre-papier, n’était pas un investissement sans risque. On peut d’ailleurs s’interroger sur la classification 2/7 des SCPI… Dans ce contexte, nous avons su profiter de la hausse des taux. Nous avons ainsi orienté nos clients vers des produits structurés à capital et coupon garantis, mais aussi des fonds obligataires à échéance. Nous leur avons également conseillé d’investir sur des fonds diversifiés qui permettent de capter le potentiel de hausse des marchés actions – qui sont d’ailleurs à des niveaux élevés –, tout en se protégeant partiellement d’une forte baisse grâce à leur flexibilité. Enfin, nous nous intéressons également à des SCPI lancées récemment qui, dans un contexte immobilier dégradé, peuvent saisir des opportunités d’investissement, notamment lors des ventes forcées d’actifs d’autres SCPI plus anciennes et en crise de liquidité.
Le non-coté ne fait pas partie de vos choix d’investissement ?
Nous nous méfions des effets de mode. Cette classe d’actifs est attractive et elle peut convenir à certains de nos clients, ceux qui sont en capacité de supporter son illiquidité sur une période longue (le plus souvent comprise entre huit et dix ans). Nous n’utilisons les fonds d’actifs privés que pour diversifier leur(s) patrimoine(s), de façon prudente et à dose modérée.
D’ailleurs, ce marché a, lui aussi, souffert de la hausse des taux, notamment avec des cessions d’investissement plus difficiles à valoriser et à réaliser.