Corum Life, l’ovni de l’assurance-vie

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Corum Life, nouvelle compagnie d’assurances-vie, rebat les cartes du marché avec une offre et un discours singulier. Rencontre avec sa directrice générale, Amandine Lezy.

Corum Life lovni de lassurance vie 01Investissement Conseils : Commençons par un retour en arrière avec la création de Corum Life et le lancement d’un premier contrat en 2020. Expliquez-nous les raisons de ce choix.
Amandine Lezy :
Corum est née en 2011. Contrairement aux autres gérants de SCPI, cette entité ne travaillait pas avec des assureurs-vie. Pour autant, certains de nos clients demandaient un accès à l’enveloppe assurance-vie, notamment pour sa fiscalité. Le groupe Corum a donc fait le choix ambitieux de créer sa propre compagnie d’assurance et son propre contrat d’assurance-vie, Corum Life. L’idée étant de rester maîtres chez nous. En 2020, l’agrément a été donné par l’Autorité de contrôle (ACPR), avec un montant de capital de 20 millions d’euros demandé pour démarrer.
Partant de là, nous avons bâti un contrat d’assurance-vie différent, composé presque exclusivement des produits du groupe, en architecture fermée donc. Nous sommes loin des assurances-vie comprenant des centaines de fonds, des sortes d’hypermarché, avec beaucoup d’intermédiaires et de sociétés de gestion à rémunérer. Notre modèle est un circuit court, du producteur au consommateur. Sur un marché peu innovant, nous sommes un nouvel acteur, petit, dynamique. Notre indépendance est le gage de cette démarche ; c’est une richesse, avec une vision long terme, sans comptes à rendre à personne. Ce qui nous guide, c’est l’intérêt de l’épargnant.

Trois ans après, quel bilan tirez-vous de cette initiative ?
Un bilan positif. Notre compagnie est rentable depuis l’an dernier. Nous avons par ailleurs doublé la collecte d’épargne chaque année : après 10 millions d’euros collectés à fin 2020, nous sommes passés à 40 millions en 2021, puis 80 en 2022. Ce montant est déjà dépassé à l’amorce de septembre 2023… Sur le marché de l’assurance-vie, les pros s’attardent souvent sur la collecte nette, mais pour Corum Life, jeune compagnie, c’est la collecte brute qui compte. Sa croissance est un signe de réussite, avec un bon retour des clients. Notre offre et notre communication se veulent vraiment différentes du marché, avec notamment beaucoup de transparence sur les frais et performances. Par exemple, le contrat Corum Life compte six formules de gestion. En l’absence de frais sur le contrat, leur performance annuelle correspond tout simplement à celle dégagée par les produits qu’elles contiennent (SCPI Corum et fonds obligataires du groupe). Ce qui n’est pas le cas des contrats du marché, impactés par des frais multiples. L’autre avantage d’une gamme d’unités de compte restreinte est de pouvoir expliquer aux clients la gestion et ses résultats. Cela passe par la publication d’un bulletin d’informations trimestriel qui présente l’actualité et la performance de chaque fonds, notamment; nous redonnons ainsi du pouvoir à l’épargnant.

Autre nouveauté, le lancement d’un nouveau fonds en euros cet été. Qu’est-ce qui a motivé ce lancement ?
Le fonds en euros reste le produit-phare de l’assurance-vie, avec trois quarts des encours. En 2020, avec des taux souverains autour de 0, la conjoncture n’était pas favorable à ce type de lancement. La remontée des taux a inversé l’équation. En tant que nouvel acteur opportuniste, nous en profitons en achetant maintenant de l’OAT à 3 % ! Avec le fonds Corum EuroLife lancé en juillet dernier, notre ambition est de faire mieux que le livret A sur plusieurs années. Le rendement de notre fonds euro Corum EuroLife sera nettement au-dessus du taux de marché cette année.
Certains clients veulent pouvoir sécuriser une part de leur épargne, ce que permet le fonds en euros. Une autre demande était de pouvoir verser les dividendes des SCPI dans un fonds en euros. C’est désormais possible sur option. Précisons toutefois que le poids du fonds en euros est limité à 25 % des encours.

Pour résumer, comment caractériser votre contrat ? Et comment les épargnants y investissent-ils ?
Le contrat Corum Life est accessible, puisque le ticket d’entrée de 50 euros est très bas, ce qui permet aux épargnants de prendre date sur la fiscalité. Il se caractérise aussi par sa simplicité puisque l’offre financière est composée, outre le fonds en euros évoqué, des trois SCPI Corum et de cinq fonds obligataires « maison », dont le dernier-né Corum Butler Entreprise, à échéance 2029, avec un objectif de performance de 5 %. Deux fonds externes, solidaires et verts sont aussi inclus pour être conforme aux obligations de la loi Pacte. Historiquement, la gestion profilée était prédominante dans les choix des clients, mais la gestion libre gagne du terrain. J’y vois une raison:en gestion libre, Corum Origin, notre SCPI phare, était limitée à 15 % des encours, contre 50 % dans certains profils. Cette contrainte des 15 % en gestion libre a été supprimée. Notons enfin qu’un client sur deux met en place des versements programmés et que le fonds en euros connaît un très bon démarrage, notamment sur la clientèle en direct.

Parlons des frais de votre assurance-vie. Là aussi, vous avez une approche atypique. Expliquez-nous.
Nous avons le contrat le moins cher du marché, puisque notre compagnie d’assurance-vie ne prend que les frais de gestion sur le fonds en euros (0,60 % par an). Le contrat ne comprend aucuns frais par ailleurs. Sur 100 euros versés, seuls sont prélevés les frais d’entrée dans les fonds. L’épargnant est donc gagnant. La question des frais en assurance-vie est embarrassante pour les assureurs qui ont du mal à les justifier. Chez Corum Life, c’est simple. Outre les frais de gestion sur le fonds en euros, la compagnie vit des rétrocessions internes des sociétés de gestion sur une partie de leurs commissions : en clair, lorsque les épargnants intègrent une SCPI ou un fonds obligataire à leur contrat d’assurance-vie, la société qui gère ce produit (Corum AM pour les SCPI, Corum Butler pour les fonds obligataires) reverse à la compagnie Corum Life une part des frais ou commissions qu’elle perçoit. Comme ces sociétés appartiennent au groupe Corum, il n’y a, en outre, aucun conflit d’intérêts. Résultat, notre enveloppe assurance-vie est gratuite, hormis pour l’argent placé sur le fonds en euros. Ajoutons que la liquidité est garantie sous deux mois pour tout rachat, conformément au Code des assurances, et que notre contrat comprend une garantie plancher de 100 % des versements jusqu’à soixante-cinq ans, ensuite dégressive pour atteindre 50 % à soixante-quinze ans.

Comment s’effectue la commercialisation de votre assurance-vie ?
De deux façons. Soit en direct avec nos commerciaux de Corum l’Epargne, une douzaine de conseillers basés dans nos locaux à Paris. Soit avec des CGP, qui vendent des SCPI Corum. Une équipe interne anime ce réseau, avec un focus sur l’assurance-vie, les SCPI se vendant toutes seules. Avec les CGP, il a fallu faire de la pédagogie pour leur présenter ce contrat qui diffère des pratiques de place. Ces professionnels travaillent aussi déjà avec beaucoup de partenaires assureurs, il faut faire sa place. Mais ils veulent une offre assurance-vie plus simple, ce qui est notre marque de fabrique. Financièrement, ils récupèrent une partie des commissions sur les SCPI et une petite partie des encours gérés. Notre collecte est peu ou prou répartie à 50/50 entre les deux relais de distribution cités.

Corum repasse à l’offensive ce début d’automne, puisque vous lancez un nouveau produit.
C’est un contrat de capitalisation, une autre enveloppe fiscale, qui ressemble beaucoup à l’assurance-vie. Deux types de clientèles sont ici visés. Essentiellement les sociétés pour y placer de la trésorerie, avec des avantages fiscaux à terme. Mais ce produit sera aussi un instrument de gestion de patrimoine pour les particuliers, notamment pour utiliser les plafonds de donation en démembrant leur contrat de capitalisation. Nous sommes là sur le terrain de l’ingénierie patrimoniale. Techniquement, c’est une réplique de notre assurance-vie, avec deux différences : l’absence du fonds en euros pour les sociétés et de la garantie plancher. C’est un complément de notre gamme, principalement pour élargir la clientèle aux sociétés. Mais nous avons d’autres projets pour l’avenir proche, notamment sur le terrain de l’épargne-retraite.

Le marché des SCPI tangue actuellement. Est-il toujours compatible avec l’assurance-vie ?
La pierre-papier, c’est du long terme, donc tout à fait compatible avec l’assurance-vie. En pratique, il faut bien sûr regarder comment sont gérées les SCPI. Ces dernières délivrent des revenus récurrents. Ce n’est donc pas une valeur-refuge, comme le pensent trop de personnes, mais cela reste un produit tangible. Sur ce marché, il y a les bonnes et les moins bonnes SCPI. L’histoire de la SCPI Corum Origin est sur ce point très parlante : elle ne suit pas une thématique d’investissement, mais affiche un objectif de rendement de 6 % par an aux épargnants. Cet objectif a toujours été respecté, ce qui a, par moments, imposé de limiter la collecte d’épargne. Cette discipline de gestion porte aujourd’hui ses fruits; les SCPI Corum restent solides sur leurs valeurs de parts, sont peu endettées et ainsi peu impactées par la hausse des taux:nous sommes donc confiants sur leurs objectifs de rendement. La collecte est à nouveau ouverte sans limite, avec de belles opportunités à saisir sur le marché immobilier. A condition d’être sélectif ! Ajoutons que les assureurs-vie y jouent un rôle important, puisqu’ils sont présents dans les SCPI à deux titres. D’une part, ils ont des parts au nom de leurs assurés. D’autre part, ils ont placé une partie de leurs fonds propres et trésorerie dans les SCPI. Quand ils viennent à s’en retirer, le marché s’en trouve fortement affecté.

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